AFRICA
2 – Mauritanie / Avril 2019
Tiens,
pour une fois, ce sera en vers libres !
Mauritanie
frontière,
Une
porte qui s'ouvre sur le sable,
Sous
le soleil exactement,
Aucune
végétation, forêt de dunes,
Une
dune peut en cacher une autre,
Ou
d'autres, si non-dunes forêt de cailloux,
Qui
peuvent cacher des dunes,
Masquant
des cailloux,
Vaste
étendue de sable,
Sablier
fou, clepsydre sans liquide,
Où
la seconde vaut quarante degrés,
Le
kilomètre une éternité,
L'entre-deux
villages douze heures de route,
L'entre-deux
bières la soif,
Et pas de bière !
Et pas de bière !
Une
mer de sable, et pas un grain,
Pour
rafraîchir le pèlerin...
Entrée
par Rosso, un bac sur le Sénégal,
En
face le Sahara, le Paris/Dakar à l'envers,
Sans
coéquipier, sans équipe, sans assistance,
Mauritanie,
une fois et demie la France,
Quatre
millions d'habitants,
Une
ville et trois routes, RN1, RN2, RN3,
Pas
d'ombre parce que pas d'arbres,
Quelques
oasis, étoiles vertes dans ce ciel ocre,
Galaxies
de grains de sable,
Idée
de la Terre, au début, à la fin ?
Bon,
c'est parti !
Départ
de Saint Louis à dix heures, arrivée à Rosso, village frontalier
sur la rive gauche du fleuve Sénégal à onze heures, éviter tous
les margoulins du secteur, comme sur beaucoup de frontières, trouver
un piroguier pour traverser jusqu'au poste mauritanien en face,
perdre vingt minutes pour lui faire diviser son prix par quatre !
Il m'a pris pour un gogo alors que je connais le tarif...
La Mauritanie c'est en face ! |
Enfin
en face, on va enchaîner,
Le poste frontière |
Heu,
non !
Le
responsable du poste, qui délivre les visas, prend mon passeport,
le pose sur son bureau, regarde sa montre, et me dit « on
ferme, pause déjeuner jusqu'à 15h30, attendez ici » ! il
est midi, je suis planté pour trois heures et demie, dans le
no man's land, pas un magasin pour grignoter ou acheter une bouteille
d'eau ! Et il fait une chaleur redoutable, plus de quarante
degrés ! Je comprends que je n'arriverai pas à Nouakchott vers
seize heures comme prévu mais de nuit, et je n'ai rien réservé,
n'ai aucune adresse, ça commence super bien !
Pour moi, il suffisait de quelques secondes pour un coup de tampon ...
Il semble que la Mauritanie ça se mérite ...
Finalement
je suis invité à boire un thé et à manger avec les gardes-frontières et les gendarmes, qui dégustent par terre un
poisson-riz, allongés sur des nattes, on discute, on rigole, le
temps passe...
Repas avec les fonctionnaires |
L'officier
chef arrive à 15h30, s'occupe de mon visa, quarante minutes quand
même !, je n'ai plus qu'à franchir deux autres postes de
contrôle et trouver un taxi brousse pour Nouakchott,
Je
finis par en trouver un, à un prix correct, c'est à dire la moitié
de ce qu'il réclame, mais je suis le premier et il faut remplir la
voiture... ce qui est fait un peu plus d'une heure plus tard, et me
laisse le temps de trouver un distributeur dans le bourg car changer
des espèces à la frontière c'est l'arnaque assurée !
La
capitale n'est qu'à deux cents kilomètres, ce qui va prendre au
moins quatre heures sur la route principale, la RN1 !
En
route, un Mauritanien, très classe, avec turban blanc et tunique
bleue, engage la conversation et m'offre une bouteille d'eau, il parle un français parfait,
A
mi-chemin, arrêt pour la prière dans un petit hameau, le seul du
trajet, une natte au sol et chacun à son tour fait sa prière,
Mon
copain « bleu » qui est passé en premier va me chercher
un thé, nous trinquons, peu après il revient avec deux gros
sandwichs au mouton et m'en donne un avec un grand sourire,
Quelle
hospitalité vis à vis de l'étranger !,
ou alors je ressemble vraiment à un clochard ! possible...
Je vais vite découvrir
que ce n'est pas une exception,
Nous
bavardons un peu et il me donne une adresse pour dormir, en vérité, il me sauve la nuit !!! car dormir au hasard sur un banc dans une grande ville inconnue n'est jamais la bonne solution pour se réveiller le matin avec son sac,
Ni même se réveiller vivant !!!!!
Arrivée
à 20h30 à Nouakchott, j'aurai mis 10h30 pour faire 280 km !
Je suis vanné !
Après
une bonne nuit dans un petit hôtel, où le gardien, vu l'heure, et
sachant que tout est fermé, m'a cuisiné une omelette, je rencontre
le patron « Kaba », très sympathique, et pose quelques
questions, Kaba qui a fait ses études à la Sorbonne, et poursuivi dans la gestion, le tourisme, l'hôtellerie, est un "magistral manager", un charisme énorme...
Où
acheter des provisions ?, il me montre une épicerie proche,
ouverte de six heures du matin à minuit !!!
Où
changer de l'argent ? Il me dit qu'il peut le faire, à un taux
plus intéressant que les banques,
Où
trouver une carte sim mauritanienne, il me dit qu'il s'en occupe et,
pendant que je bois mon café, il m'apporte la carte, l'enregistre
avec sa carte d'identité ( sinon il faut que j'aille au siège du
serveur avec mon passeport, remplir un formulaire, passer à la police, enfin la matinée
de foutue!)
Il
est neuf heures du matin et tout ce que j'avais prévu de faire dans
la journée est réglé !
Deuxième
grand signe d'hospitalité depuis mon arrivée, et il ne veut pas que
je lui paye la carte sim, c'est offert me dit il, étonnant...
Il
fait un soleil éclatant, il me reste à trouver un transport pour
Kiffa, vers l'est dans le désert, soit 600 km,
J'ai
vu hier, par la fenêtre du taxi, les petits villages en bord de
route et dans les dunes, avec chacun sa petite mosquée, éclatante,
souvent peinte en bleu ciel et bordée d'ocre ou de rouge,
encadrements blancs, petites maisons très propres, tout cela dans
une magnifique lumière de fin d'après-midi, première impression
très agréable...
Et
voici qu'à l'hôtel se trouve un Français, illuminé et improbable, spécialiste des
camélidés, chameaux, dromadaires, lamas et alpagas,
C'est lui qui vient vers moi...
Nous
parlons au petit déjeuner, il sillonne le Monde à courir les
chameaux et apparentés, préparant un salon sur le sujet qui doit
avoir lieu mi-septembre à Janvry dans l’Essonne, le premier du
genre,
Il
est à Nouakchott pour récolter de l'urine de chamelle !
Paraît-il un excellent remède à beaucoup de maux,
Lui
même en consomme, il me propose de goûter, à huit heures du matin
je décline et reprends un café !
Il
doit repartir demain pour Dakar avec sa "récolte",
Une
heure plus tard me voilà embauché comme acteur dans le petit film
publicitaire qu'il prévoit pour faire la promotion du salon, ça
n'arrive qu'à moi des trucs pareils !!!
Infimes sont les chances que je puisse visiter ce salon, mais sait-on ...
Infimes sont les chances que je puisse visiter ce salon, mais sait-on ...
J'ai
donc ma journée pour visiter Nouakchott et trouver un transport pour
partir vers Kiffa, dans l'est,
Ayant
repéré une « gare routière » sur la carte, je m'y
rends à pied, deux kilomètres, il s'avère que c'est une « gare »
pour les voitures en réparation et les épaves !,
Je
me renseigne et un type me dit que c'est trois kilomètres plus au
sud, il ajoute qu'il ne faut pas marcher sous le soleil en cette
saison et qu'il va me conduire là-bas,
Et
hop, cinq minutes plus tard nous sommes au comptoir, il m'aide à
acheter mon billet, et me laisse car il doit aller chercher ses
enfants à l'école, j'ai la journée pour traîner en ville,
Un
grand marché « souk » avec de tout, fruits et légumes,
des milliers de paires de chaussures d'occasion et de fripes, tout
cela par terre, sur un kilomètre carré, je m'achète un turban , un
« chèche » saharien, car je n'ai ni chapeau ni casquette
pour affronter le soleil du désert, me reste à apprendre à le
dresser sur ma tête, j'ai le temps...
Centre
ville, les grandes avenues, rien de bien intéressant car c'est une
ville neuve, sans passé, je rentre crevé après une bonne douzaine
de kilomètres sous le soleil et un tajine dans une gargote,
La
Mauritanie me plaît vraiment, je commence à aimer l'Afrique !
MAIS !
J'avais
décidé, il y a six ans, d'aller goûter toutes les bières de tous
les pays, c'est foutu !!!
La
Mauritanie est « République Islamiste », la seule
d'Afrique, donc pas une goutte d'alcool, le choix c'est thé à la
menthe ou eau, me voici à la diète, je vais m'habituer, finalement
ça ne me fera pas de mal...
Mais,
comme diraient de vieux Français, usant de l'argot,
« Pas
moyen de tuer le vers »
ou
« Pas
moyen d'étouffer une négresse ! »
Vu
la chaleur, impressionnante et très sèche, qui brûle les lèvres
et les sinus, même les Mauritaniens s'en protègent à cette saison,
où les touristes ont déserté, j'en suis déjà à deux bouteilles
d'eau par jour, soit trois litres, et quelques thés sur le bord du
chemin,
A
quand la prochaine « bibine » ? inch Allah !!!
Départ
de Nouakchott tôt le matin, trajet de 610 km dans le désert, soit
la journée entière, c'est déjà très beau, mais pas de photos
possibles, depuis le taxi, où je suis coincé au milieu, à part
quelques unes à travers le pare-brise...arrivée juste avant la
nuit, trouvé une auberge minable, on s'en contentera...
En passant, non ! en roulant ! |
Le carrefour d'Aleg Là où une famille française s'est faite massacrer il y a quelques années...Papa, Maman, et tous les enfants... |
Je m'extasie à chaque dromadaire, va falloir que je me calme... |
Demain
je visite Kiffa et essaie d'enchaîner vers Tidjikja, quatre cents
kilomètres en deux tronçons de deux cents, avec une attente
aléatoire au bord de la route pour le deuxième, une heure ?,
trois heures ?, six heures ?
KIFFA
Annoncés
aujourd'hui 42°, ça promet …, avril et mai sont les mois les plus
chauds et les plus secs de l'année, ensuite arrivent quelques pluies
en juin/ juillet/ août, peut-être !
Visite
du marché, typique, mais rares sont ceux qui parlent français, ici
on parle le hassanah et j'avoue que je maîtrise très peu !,
donc photos très difficiles, quelques unes prises à la sauvette,
déjà que tout le monde me regarde comme si j'étais un Martien !,
Un jeune étudiant m'apostrophe en français et me dit « eh !
C'est samedi, t'as pas mis ton gilet jaune ? », on éclate
de rire, je me sens un peu moins isolé..., je lui offre un coca...
Je
passe à la petite banque de Kiffa et le banquier me dit qu'il ne
fait pas le change des euros, mais il m'indique, au bout de la rue,
un épicier qui lui le fait, au noir, amusant !!!
Dans
le marché je me fais aborder par deux fois, des Mauritaniens qui
étaient avec moi la veille dans le taxi, ils prennent de mes
nouvelles, me demandent si j'ai trouvé un lit, s'informent de mes
projets,
Quand
je leur annonce l'itinéraire prévu, ils semblent s'inquiéter pour
moi, « trop chaud, trop dangereux!", devant mon sourire, ils me
souhaitent tous les deux bonne chance,
C'est
gentil messieurs,
Mais
vous ne connaissez pas le bonhomme !!!
Vous ne savez pas qu'il est fou !
Vous ne savez pas qu'il est fou !
Incident
à un carrefour, un automobiliste maladroit bouscule un jeune qui
porte sur la tête une grande planche sur laquelle sont posées une
centaine de baguettes de pain, et voilà tout le pain répandu sur la
route, dans le sable, engueulade, début de bagarre, puis un policier
arrive et s'interpose, ça discute un long moment, puis on ramasse
toutes les baguettes, les remet sur la planche, et le jeune repart,
Ca
va craquer sous les dents aujourd'hui dans les familles...
Ruines dans Kiffa Pas trouvé de quoi il s'agit certainement fort et/ou édifice religieux |
Taxi avec moutons sur le toit ! |
Bon, celle là c'est cadeau !!! |
Marché de Kiffa |
Les livreurs de pain |
C'est
sale partout, papiers, détritus, bouteilles, emballages, tout le
monde s'en fout !, devant mon étonnement un épicier me dit
« C'est ça l'Afrique, c'est dégueulasse partout », je
lui demande si il est africain, il me dit oui !
Tidjikja,
« Fort Coppolani » à l'époque coloniale, base avancée
de l'armée française dans le vaste Sahara mauritanien, est une des
villes historiques du pays, sur le plateau du Tagant, fondée au
XVII° siècle...
Pas
un seul hôtel répertorié! ça va être marrant !, enfin, pas
sûr... inch Allah,
La
piste qui part de Tidjikja vers Atar dans le nord, c'est « la
piste de la mort » en cette saison, bien sûr je suis sûr que
c'est exagéré, comme toujours !, paysages fabuleux paraît-il,
je ne l'ai même pas trouvée sur Gougueule, sauf le début, je
ferais des way-points en cours de route et vous mettrai des photos
aériennes, mais nous n'en sommes pas encore là ! Proverbe
mauritanien « il ne faut pas vendre la peau du dromadaire... »
Cette
étape fut au programme du Paris/Dakar il y a vingt ans, en 1999,
trouvable facilement sur « toi tuyau », depuis la piste
n'a pas trop changé, le passage le plus impressionnant est la
traversée de « El-Khatt » au milieu, entre les deux
provinces, le Tagant et l'Adrar, grand mur rocheux qui ouvre une
ouverture vers le nord,
En
aparté,
L'esclavage
a été aboli tardivement en Mauritanie (1981), mais subsistent
beaucoup d'attitudes sociales directement venues du passé,
Les
différentes ethnies mauritaniennes ont différentes couleurs de
peau,du plus clair au plus foncé,
Il s'avère, à l'évidence, que partout, ce sont les plus « clairs » qui dominent et commandent, et les plus « noirs » qui se tapent tout le boulot et les tâches subalternes,
Mustapha, assis sur sa chaise, dit à Ali « Ali balaie la cour », « Ali va chercher de l'eau », « Ali va chercher du pain »,...
Il s'avère, à l'évidence, que partout, ce sont les plus « clairs » qui dominent et commandent, et les plus « noirs » qui se tapent tout le boulot et les tâches subalternes,
Mustapha, assis sur sa chaise, dit à Ali « Ali balaie la cour », « Ali va chercher de l'eau », « Ali va chercher du pain »,...
Allez,
en route !
Départ
de Kiffa à 9h30 après une heure et demie d'attente à la gare
routière, arrivée à Sangarafa, deux cents kilomètres plus loin à
12h30,
Au
bureau des transports on me dit qu'il faut attendre le bus qui va
arriver de Nouakchott et va vers Tidjikja, et qui arrivera vers
15h30, 16h, ou plus tard...
Le carrefour de Sangarafa |
Je
fais un tour à pied pour acheter une bouteille d'eau et prendre des
infos, je tombe sur un vieux taxi presque plein qui va partir pour
Tidjikja ! Bingo, je récupère mon sac et saute dans le taxi,
dix minutes plus tard on démarre, je serai resté quinze minutes à
Sangarafa, je suis béni des dieux aujourd'hui, reste juste deux
cents kilomètres à faire,
Passage
à Moudjeria, village posé sur le désert, au pied d'un grand
plateau rocheux, magnifique point de vue du sommet du plateau !
Arrivée
après 80km à Nbeika, contrôle de police, le gendarme regarde mon
passeport, prend ma fiche de renseignements, car chaque voyageur doit
fournir, à chaque contrôle, et il y en a beaucoup, une fiche
complète, photocopie du passeport, renseignements personnels, numéro
de visa, itinéraire prévu …
J'en
ai préparé une soigneusement à Saint Louis et j'ai cinquante
photocopies avec moi ( j'étais prévenu!) et ça me facilite tous
les contrôles !
Le
gendarme revient et me dit « on doit arrêter votre chauffeur
car il a commis une infraction il y a quelque temps » !
Puis
il ajoute, " mais comme vous êtes à bord, on le laisse
aller au prochain village pour vous déposer et vous laisser prendre
un autre taxi, après il reviendra ici et on l'arrêtera ! "
Merci
gendarme, par contre je ne suis pas sûr que le chauffeur revienne
se livrer !
Me
voici posé à cent kilomètres du but, une heure d'attente pour un
autre taxi, qui veut me faire payer le trajet alors que j'ai payé
jusqu'à Tidjikja !, mais les Mauritaniens me disent de ne pas
payer et engueulent le chauffeur, penaud, bon, il aura essayé le
pauvre...
C'est
reparti, encore un contrôle de police où on me demande où je vais
dormir ( j'invente car je n'en sais rien! Euh, chez des
correspondants...) et c'est reparti,
M'Bar et Kaïma à Moudjénia |
Entrée dans M'Beika |
M'Beika vue du haut du plateau |
Kaïma dans l'oasis |
La route vers Tidjikja, très propre |
Les "maisons-cube" mauritaniennes |
Première vision de Tidjikja |
Le cimetière musulman chaque caillou est une tombe |
L'oued, à sec |
Arrivée
à Tidjikja à 18h30, je saute du taxi juste devant un hôtel (!)
qu'un compagnon de voyage m'a indiqué, et je me pose,
A
noter que les contrôles routiers sont fréquents, police, militaires
et gendarmes, les contrôles de gendarmerie sont fixes, sur la route
et toujours une dizaine de kilomètres avant et après chaque
village, les gendarmes sont toujours aimables, souriants, et
plaisantent avec moi, Beaucoup me disent " t'as prévenu ton
ambassade que tu étais par ici ?", ma réponse est toujours la même,
« inutile puisque vous savez où je suis tous les jours, et dix
fois par jour, si il faut me trouver ou me retrouver, ce sera vous
les plus utiles! » et rires...
Pour
le touriste, que ces contrôles énerveraient, ou qui se sentiraient
« fliqués » ceux qui voient ça de l'extérieur, de
« chez eux », il faut dire que, vu de l'intérieur, c'est
plutôt rassurant et sécurisant, la région n'étant quand même pas
très sûre...je pense que, en cas de besoin, on doit être content
de trouver les gendarmes,
Demain
je vais visiter Tidjikja à pied et chercher un plan pour rejoindre
Atar, ce trajet c'est le plat de résistance, 360 km en plein désert,
dans le sable, par plus de 40°, excitant !!!
TIDJIKJA
Départ
en balade à 8h30, surprise il fait déjà 36° !, agréable
impression, la petite ville est belle, et propre, hormis l'oued à
sec en cette saison, qui regroupe les amas de déchets, probablement
brûlés ensuite avant les pluies d'août, et emportés par les
flots, si il pleut !
Contrairement
aux autres villages visités, les maisons sont peintes, les enseignes
des magasins très propres, parfois amusantes, les gens souriants et
aimables, la petite cité donne l'impression d'être riche, étrange
au fin fond du désert, à plus de 600km de la capitale, j'ai du
louper un truc, ce ne sont pas les impôts locaux qui peuvent
expliquer cela et je n'ai pas entendu parler de mines d'or !!!
Bien
sûr, les extérieurs de la « cité », composés de
maisons mauritaniennes, typiques des pauvres, c'est à dire un cube
de béton, cinq mètres par trois mètres, un toit terrasse, quelques
barbacanes pour la saison des pluies, un seul volume intérieur, et
toujours deux grandes portes métalliques, un peu comme des portes de
container !
L'arrière
est parfois flanqué d'un four extérieur, sorte de gros cône avec
un tuyau de poêle, accessible de l'intérieur, four à quoi ?
Il n'y a pas un arbre à l'horizon...
Il
fait une chaleur invraisemblable, l'air est sec et brûlant, mais je
traîne partout avec plaisir, tous les habitants sont à l'ombre,
assis devant leurs maisons, ou couchés sur des nattes, seuls
quelques passants qui doivent avoir un réel motif d'affronter le
soleil passent par moments,
Un
jeune garçon vient vers moi alors que je fais une pause à l'ombre,
assis sur un caillou, et me tend son cahier de physique, me demandant
si c'est du bon travail ! Je regarde le cahier, classe de
cinquième, entièrement écrit en français, quasiment sans fautes,
les dessins soignés et colorés sur les comptes-rendus
d'expériences, je ne sais plus si je faisais aussi bien en
cinquième !!! je le félicite chaudement, il semble extrêmement
ému et heureux, et me remercie, je suis aussi ému que lui, nous
sommes dans un petit village au fond du désert, instant troublant,
et magique...
Bon, je dois trouver un transport, trois petites agences "bouis bouis" me disent qu'elles ne desservent pas la destination, surtout en cette saison, et qu'il faut repasser par Nouakchott, putain ! j'en viens ! une rallonge de 1200 km alors que Atar est à 360 km, juste en face, au nord, et que le passage existe !
Bon, je dois trouver un transport, trois petites agences "bouis bouis" me disent qu'elles ne desservent pas la destination, surtout en cette saison, et qu'il faut repasser par Nouakchott, putain ! j'en viens ! une rallonge de 1200 km alors que Atar est à 360 km, juste en face, au nord, et que le passage existe !
Un
jeune adulte me sourit, me met la main sur l'épaule, et me fait
signe de le suivre, trois cents mètres à marcher dans l'oued, une
cabane, une vieille femme assise me sourit et me fait comprendre
« oui,oui Atar demain matin!" , après quelques gestes et
dessins sur un bout de papier, on finit par se comprendre, départ
demain matin vers 8h, ou 9h, ou 10h,(bien sûr coquine, quand la
voiture sera pleine!) je n'ai qu'à attendre au bord de la route, à
la sortie du village, J'explique que je veux bien payer plus cher,
même le double, pour être à la place avant, parce que je sais que
si je suis coincé au milieu, ou derrière, avec les vitres fumées,
je ne verrai rien et ne pourrai prendre aucune photo !, Oui !
Oui dit la vieille, tu payes le prix normal, rien de plus et tu seras
devant, elle me plaît, je paye,
Ça
s'annonce bien, mais je sais que si un Monsieur mauritanien, riche ou
notable, revendique la place avant, il l'obtiendra, et bibi envoyé
derrière ! Mon joker est que pas un étranger n'a le droit
d'être assis à côté d'une femme mauritanienne, que c'est donc
compliqué à gérer, et que souvent, c'est plus pratique de le caser
à l'avant, et que ça prime sur le riche notable !!!
J'ai
pu vérifier en même temps que les trois auberges de la ville sont
totalement vides, moi même suis seul dans la mienne, je rentre et
sors, je me débrouille pour me faire chauffer de l'eau pour le café,
pas un serveur, personne ! Juste vu le patron en arrivant, qui a
disparu !, je pense que je vais le revoir quand il voudra se
faire payer, lui qui m'a dit qu'il était impossible maintenant de
monter directement à Atar, "non, non, pas possible, fini,
dangereux!"
Comme
de plus c'est un peu cher à mon goût, je fais une descente dans la
cuisine où il n'y a personne, une « razzia » spécialité
du pays depuis des milliers d'années ! Et met main basse sur le
café, le sucre, le miel, la confiture, les serviettes en papier, et
deux rouleaux de PQ,
A
tchao l'hôtelier !!!
Je
me suis acheté un beau chèche bleu pour me protéger du soleil et
passer plus inaperçu, bon, je n'ai pas pris la djellaba, mais ils
sont beaux ces Mauritaniens avec leurs vêtements bleus et blancs, et
leurs chèches bleus, grands et beaux, et fiers, Maures et Touaregs,
nous ne sommes plus en Afrique noire, nous sommes en Afrique
saharienne...
Voilà, c'est moi... |
Vers
Atar, droit dans le désert,
sur
les traces de Théodore MONOD
(1902-2000)
(1902-2000)
et
Odette PUIGAUDEAU
(1894-1991)
(1894-1991)
A noter que ces deux aventuriers(ères), pionniers du désert, à une époque où on plongeait, à dos de dromadaires, dans l'inconnu hostile, vite mortel, sont devenus, tous deux, presque centenaires, admiration Madame, et Monsieur...
Bien, on m'a dit de me tenir prêt au bord de la route à 8h, j'y suis, assis sous un arbre, et à me déplacer toutes les quinze minutes pour profiter de son ombre, environ un mètre carré...
Bien, on m'a dit de me tenir prêt au bord de la route à 8h, j'y suis, assis sous un arbre, et à me déplacer toutes les quinze minutes pour profiter de son ombre, environ un mètre carré...
Finalement
le taxi arrive, il est 12h30..... en route, plein nord, vers Atar,
C'est
beau dès le début, désert de sable avec de petits arbustes, puis
moins d'arbustes, puis plus du tout, reste le sable,
En
vérité la piste a été goudronnée, mais ça se voit à peine car
le sable la recouvre à 80%, et quelques dunes la traversent
doucement,
C'est
à dire que sur la « route » il y a entre 15cm et 2,50m
de sable !!!
Dans
ce cas, on fait un détour et on passe dans le sable !!!!
Ce n'est pas, sous les pavés la plage, mais sous la plage la route !!! |
Pause thé dans le désert, instant de bonheur |
Une méharée qui passe |
Attention, les dunes peuvent traverser la route !!!! |
Village de Aoujeft, là on est vraiment loin de tout ! |
Arrêt
en plein désert après cent vingt kilomètres, deux abris comme de
grandes tentes, les « M'bar », les femmes me font signe
de venir avec la main, j'hésite, regarde mon chauffeur qui me fait
signe « OK » d'un mouvement de yeux, les femmes me
prennent par la main, me montrent une natte, me donnent des coussins,
pour m'allonger à la romaine, m'offrent un bol de soupe froide, très
désaltérante, et le thé rituel, toutes ces femmes me regardent
droit dans les yeux avec des sourires éclatants, impossible
d'échanger un mot, elles parlent seulement le Hassanah...
Je
viens de quitter la planète et suis dans un conte des mille et une
nuits...
Le
Thé,
Le
thé, c'est trois tasses de thé à la menthe de suite, on ne peut
refuser, sous peine de froisser l'hôte !
Des
chameliers passent et s'arrêtent pour la même cérémonie du thé,
ils repartent avec leurs dromadaires chargés,
Après
une heure de pause nous repartons, quelques arrêts dans de
minuscules hameaux isolés pour déposer des colis,
Parfois
quelqu'un donne de l'argent au chauffeur avec une liste de courses,
verbale !, à faire à la ville et qu'il déposera au retour,
dans quelques jours...
Désert
de sable et de roches, mais toujours différent, couleurs variées,
de l'ocre au blanc, en passant par le jaune sahara,
J'en
rêvais, j'y suis,
Les
360 km passent, la journée également,
Cinquante
kilomètres avant Atar le paysage change, de hautes tables rocheuses
de part et d'autre de la piste, on se croirait à « Monument
Valley », un véritable décor de western ! Le soleil
couchant rougit la montagne, c'est d'une grande beauté, martien !!!
La
nuit tombe, passage au poste de police à dix kilomètres de Atar, je
pense qu'on sera arrivé avant la nuit,
Mais,
manque de chance, à quatre kilomètres de la ville, crevaison !
Je
suis un peu contrarié, aucune idée de où je vais dormir, je
pensais avoir le temps, mais de nuit dans une petite ville inconnue,
sans éclairage, c'est moyen...
Pendant
que le chauffeur et un passager s'emploient à changer la roue, avec
ma frontale !, je m'aperçois qu'on a crevé juste devant un
petit hôtel, fermé !
Je
parle avec le gardien, qui appelle le patron, qui me dit oui,
j'attrape mon sac dans la benne, récupère ma lampe, dis au revoir à
tous, je vais dormir là, sans boire et sans manger, et sans lumière
car toute la ville est dans le noir... je suis le seul client de
l'hôtel, je me prépare un café dans ma chambre avec mon matériel,
et au lit !!!
Le
matin, visite au musée d'archéologie, proche, le conservateur me
dit que c'est ouvert et que normalement c'est payant, mais que si je
veux, c'est gratuit, je prends l'option « gratuit » !
Il
me fait visiter son petit musée sur l'histoire d'Atar depuis le
néolithique, passionnant ! me raconte ses études en France, ethnologie, géologie, paléontologie... et il a une tête de vieux sage, un beau bonhomme...
Au
mur, les photos des visiteurs célèbres, dont François Hollande
récemment, quelques ministres français,
Puis
nous parlons dans son bureau, il m'offre un thé, NON ! Trois !,
et je le quitte pour me mettre en recherche d'un véhicule pour
Chinguetti, je veux enchaîner, il est neuf heures du matin, et un
type m'en trouve un avec son téléphone, qui doit venir me prendre
vers 10/11 h, j'y crois à peine...
Je
file vite à pied repérer une auberge proche, superbe endroit,
gérant français, Fred, accueillant qui m'offre un bissap, me donne son
numéro de portable et sa carte au cas ou j'aurais besoin d'aide, et
téléphone à une auberge de Chinguetti, du même propriétaire,
pour prévenir de mon arrivée, je lui dis que je reviendrai dans
quelques jours, ni lui ni moi ne savons que nous allons nous revoir
plus que ça !!!
Il
est dix heures du matin et tout est réglé, ça enchaîne à vitesse
grand V en ce moment, je visiterai Atar plus tard, reste à attendre
mon taxi...
Le
taxi arrive à 11h15, c'est la journée miracle !, pick-up TOY,
nous sommes trois clients, une femme à l'arrière avec sa petite
fille, et moi seul devant, je rêve !
La
route de Chinguetti, tout d'abord désert de cailloux, le « Reg »,
brutal et brûlant, une chaleur « enfernale », sur
quarante kilomètres, puis une montée abrupte dans la montagne,
longeant un immense précipice formé par deux grands éboulis face à
face, puis un grand plateau, lui aussi sur quarante kilomètres, et
le désert s'adoucit, le sable revient, de plus en plus, au bout, des
dunes, et Chinguetti au pied, éblouissant !!!
L'auberge
indiquée est superbe, une oasis à elle seule, le patron, Ahmed, accueillant et aux petits soins, nous déjeunons ensemble en
bavardant, car, bien sûr, je suis le seul client en cette saison,
pas nombreux les fous à s'aventurer dans ce désert en avril !!!
Il
a fait ses études à Nanterre et a une conception de l'écotourisme
bien marquée, qui s'affiche partout dans son établissement,
Je
lui dis quand même que ses tarifs sont un peu chers pour moi et il
finit par me baisser le prix de 40%, ça devient intéressant, je
vais rester un peu...
Mon auberge de Chinguetti Et suivantes... |
Le M'bar dans le patio |
Tout est monté en pierres "posées", sans le moindre mortier !!! |
La tente de repos... |
Je
me dis que, peut-être je suis en ce moment le seul blanc étranger
dans ce désert est-mauritanien, petite zone d'environ 150 000 km
carrés !!! Amusant !
En
fin d'après-midi je vais approcher la vieille ville et les dunes de
Chinguetti,
17h,
le gros de la chaleur est passé, en avant vers les dunes, descendre
dans l'oued, à sec, qui sépare la vieille ville que je visiterai
demain avec Ahmed, de la nouvelle , et le suivre sur quelques
kilomètres pour arriver au pied des dunes, immenses, vagues de sable
dans le soleil, je suis seul, le Sahara est à moi !!!
Le
cul posé sur le sable je regarde le soleil descendre et le relief
s'éclairer, fascinant !
Immenses
vagues de dunes, couvertes de vaguelettes de sable, ondulant sur
leurs flancs, comme une peau qui a froid, le remplaçant intérimaire
de Buzz, Kalak, est assis à côté de moi, et ne dit mot, fasciné
lui aussi...
A
Chinguetti, si on fait face au sud-est, il faut imaginer devant soi
mille kilomètres de dunes, d'un seul tenant, et absolument rien
d'autre !!!, pas d'oasis, pas de vie, c'est « La Majâbat al-Koubrâ »,
Zérayam... |
Ici
était la mer, opulence, poissons et animaux, et jungle, les fossiles
en témoignent, au dévonien moyen la mer s'en va, il y a 360
millions d'années ...le résultat est sous mes yeux..
L'horizon,
encore lui, n'est que courbes, ondulantes et fluides, comme liquide,
la mer de sable porte bien son nom !
En
attendant le coucher du soleil, l'horizon m'obsède encore,
Me
vient comme du Léo Ferré pour l'apostropher,
EH !
L'horizon !
Fantasme
de mes matins, cauchemar de mes nuits,
Qui
m'attire et me ruine, mirage à l'infini,
De
mes rêves, mes envies, et de toute ma vie,
Un
trait devant mes yeux, et qui recule toujours,
Horizon !
Escroc !
Je
te vois tous les jours, et tous les jours de face,
J'aimerai
voir ton cul, voir à quoi il ressemble,
J'aimerai
t'enjamber, juste un pas impossible,
Toujours
tu te dérobes, aurais-tu peur de moi,
Horizon !
Arnaque !
Aucun
pas que je fais ne m'approche de toi,
Je
marche et je transpire directement vers toi,
Quand
je crois te rejoindre avant que la nuit vienne,
Alors
mes jambes me lâchent, j'entends ton rire de hyène,
Horizon !
Salaud !
Un
jour je te quitterai, te tournerai le dos,
Un
jour j'abandonnerai, jetterai mon sac à dos,
Te
laisserai derrière moi, je ferai volte face,
Constater
aussitôt que nous sommes face à face,
Horizon !
Traître !
Et
quand la mort viendra, la camarde et sa faux,
Pour
me couper de toi, de toutes mes espérances,
A
hauteur de sa taille, je verrai derrière elle,
Comme
une fine ligne, encore ce sera toi,
Horizon !
Satan !
Alors
je te baiserai, te verrai de là-haut,
Finis
les trompe-l’œil, finies les perspectives,
Saurai
que tu n'es rien, juste un attrape-nigaud,
Il
faut toute une vie pour déjouer tes embrouilles,
Horizon !
Mes c....... !
Il
est temps de ranger le carnet, le stylo, et rentrer à l'auberge …
Depuis
mon entrée en Mauritanie, par le sud, j'ai visité et traversé les
provinces de Trarza, Brakna, Kiffa, le Tagant et l'Adrar, je passerai
bientôt par l'Indiri, rapidement car il semble qu'il n'y ait rien !
Le caravansérail de Ahmed ... |
Chinguetti,
visite de la vieille ville avec Ahmed qui me sert de guide et me
montre les ruelles, la vieille mosquée et son minaret en pierre,
toutes les maisons sont en roche du pays, des lauzes ocres aux
couleurs chaudes,
Chinguetti
était la cinquième ville sainte de l'Islam, haut lieu culturel de tout le Sahara, de l'Atlantique au Nil, 1500 habitants
aujourd'hui...
La vieille ville, dominée par la mosquée, le plus ancien monument de Mauritanie.. |
Le minaret, surmonté de cinq œufs d'autruche fossiles... |
Ahmed
me fait visiter la bibliothèque familiale où, de générations en
générations, sont conservés les précieux manuscrits, dont
certains ont plus de mille ans ! Tous sont conservés dans un
bâtiment à part, à l'ombre, avec les plumes, stylets, et encriers
d'époque,
Ancien manuscrit, physique et maths, N'oublions pas que les chiffres que nous utilisons viennent d'ici !!! |
Les
habitants de Chinguetti peuvent consulter leur histoire depuis un
millénaire, chaque ville de l'Adrar a ses bibliothèques, il ne faut
pas oublier que l'Homme est présent ici depuis le néolithique !,
ce qui nous ramène, selon les régions, entre 5000 et 8000 ans avant
J.C. … je vais découvrir bientôt que c'est beaucoup plus ancien
que ça !
Visite
de l'oasis, avec ses palmiers dattiers dont les fruits aujourd'hui
minuscules seront récoltés en août, à la fête des dates la "Guetna"
A
leur pied, des tomates, très belles, et goûteuses, qui poussent
dans le sable, sans aucun apport,
D'aucuns
diraient « Bio » (Je ris!), c'est mieux que bio !,
du sable et des sédiments, aucune pollution, pas d'usines, pas de
voitures, l'eau du puits, à cinquante mètres de profondeur, pure et
fraîche, et même pas un bruit, résultat des légumes parfaits, ce
n'est ni « bio », ni super « bio » !
On
n'invente pas un mot nouveau pour un procédé ancestral ! C'est
juste simple et naturel...
Amis
du Bio, bonsoir.....
Comme
je suis le seul client, nous sommes ensemble, Ahmed et moi, pour les
repas, les trois thés de fin d'après-midi, et parlons beaucoup,
Le
contact est très étroit, il me demande mon avis sur certains
sujets, ou projets, je le questionne sur la vie en Mauritanie,
traditions et coutumes, en particulier sur sa province, l'Adrar, le
cœur de la Mauritanie, et « l'oeil du Sahara », le cratère de "RICHÂT", quarante kilomètres de diamètre, qui finalement n'est pas un cratère de météorite...
De vieilles cartes de l'Adrar |
Un décor de "Fort Saganne" ! Pas moyen d'approcher, c'est une base militaire, je me fais sèchement jeter ! |
Les filles rentrent du Lycée, Toutes de bleu vêtues |
Il
me demande si j'ai du temps devant moi, et moi qui pensais rester
deux jours, mais suis là déjà depuis plus longtemps, je lui réponds
que oui, je n'ai rendez-vous avec personne !
Et
il me fait une proposition, touristique et généreuse, ça sent la
belle aventure...
Je
sais aussi, après nos conversations du soir, qu'il m'en fera
certainement une autre, alléchante et inespérée, mais je sens
aussi que je refuserai...tant pis pour moi....
Ahmed
doit recevoir demain à l'oasis de Terjit, à environ 150 km d'ici,
des clients, une délégation de l'ambassade d'Allemagne de
Nouakchott, dans une autre auberge qu'il possède là-bas,
Il
m'invite à l'accompagner, j'avais loupé cette oasis, obligé de
zapper en passant à la nuit tombante,
Nous
dormirons là-bas, et le lendemain il accompagne ce groupe à
M'Hairet, Tanouchert, et Ouadane, cette vieille cité que j'ai, à regret, enlevée de mon
programme, parce que compliqué, très à l'est dans les montagnes, et directement par le
désert et les dunes, sans prendre la piste, je pense qu'il veut
vraiment épater l'Allemagne !!!
Je
l'accompagnerai dans sa voiture, superbe 4X4, avec son chauffeur,
puis nous reviendrons à Chinguetti, trois jours fabuleux en
perspective, et je suis totalement invité !!!
Ensuite
nous redescendrons à Atar, dans l'auberge que je connais, chez Fred,
avant que je quitte la région,
Je
suis traité en invité de marque !
Ahmed
m'a offert un gros livre, près de 1500 pages (super), environ un
kilo (merde!), c'est l'intégrale des textes de Théodore Monod
durant ses nombreux voyages en Mauritanie, des années vingt à la
fin du siècle, c'est devenu mon livre de chevet, je suis subjugué...
Quel homme, quel aventurier !, je suis au mêmes endroits et je
me sens tout petit...
Ahmed
l'a reçu chez lui à Chinguetti à plusieurs reprises, notamment en
1993 lors de son dernier voyage, Monod est reparti alors en méharée
dans l'Adrar, à l'âge de 91 ans, pour 500 km, comment est-ce
possible ?
Il
s'est éteint à Paris en 2000 à l'âge de 98 ans, après avoir,
entre autre, exploré le désert Mauritanien de fond en comble, et le
désert Lybique...
Je
suis sur ses traces et aurai bientôt visité, grâce à Ahmed, et à
ses écrits les cités où il est passé avec ses dromadaires,
C'est
quand même quelque chose d'avoir rencontré Ahmed, par pur hasard,
tout cela parce qu'au lendemain de ma première nuit à Atar, en
quittant l'auberge minable où j'avais dormi, je suis parti à pied à
gauche, et non pas à droite !!!
Mais je suis maintenant habitué à ces rencontres, le sel de la vie...
Le
matin, départ pour Atar, bref arrêt et pause « 3T »
(PCQS) pour récupérer Fred, et descente vers l'oasis de Tergit,
arrivée en fin de matinée et déjeuner à l'auberge des palmiers
dattiers,
Puis marche jusqu'à la source de l'oasis, fraîcheur, bruit de l'eau qui coule en plein désert, bonheur...
La piste vers les sources |
Un "trois thés" avec Ahmed |
Une bonne nuit dans une case, plutôt luxueuse, du gîte de Ahmed, je sais maintenant que de belles auberges, il en possède six !!!
Visite, grimper autour de l'oasis, et photos, seul en fin de journée,
Je suis dans un film de Sergio Leone...
En bas, l'oasis |
Le haut plateau, un seul arbre, sec... |
Après
une bonne nuit à l'oasis, départ par une petite piste sur le
plateau désertique (Reg) vers une autre oasis « Mhaireth »,
qui surgit tout à coup, tapie au fond d'une profonde faille, des
habitations le long du fil d'eau, sur plusieurs kilomètres, des
milliers de palmiers dattiers, et de l'eau, qui ici, coule toute
l'année et remplit des piscines naturelles (gueltas), fraîches et
profondes, seul point d'eau sur des centaines de kilomètres carrés,
La plus belle oasis de la région, avec aucun magasin, aucun gîte, aucun hôtel, aucun caravansérail, pour l'instant aucun touriste,
La plus belle oasis de la région, avec aucun magasin, aucun gîte, aucun hôtel, aucun caravansérail, pour l'instant aucun touriste,
Nous y voilà, je le savais ...
M'haireht, cachée au fond d'un reg brûlant, qui ressemble à l'Enfer, le Paradis est caché juste en bas ! |
Et bien sûr le thé, possible partout ! |
Longue
pause sur place...C'est à cet endroit que j'apprends la fameuse
proposition de Ahmed, dont je ne parlerai pas, puisque je sais que je
ne donnerai pas suite … Ah, si j'avais dix ou quinze ans de moins,
je signerai des deux mains....mais l'horloge est impitoyable !
Nous
repartons dans le désert pour une soixantaine de kilomètres vers la
montagne, et les grottes où Théodore Monod a découvert et
inventorié des peintures rupestres, datant de 3000 à 6000 ans avant
notre ère, et trouvé des tessons, pointes de flèches, et autres
outils beaucoup plus anciens, néolithique et paléolithique, (ici plus de 100 000 ans), visite
du site, remontée dans les siècles, puis retour à Chinguetti,
En
passant, une gorge profonde, avec au loin, les ruines d'un vieux
fort, un des autres décors du film « Fort Sagane » !!
L'autre
étant le fort au cœur de Chinguetti, d'où je me suis fait virer,
car toujours occupé par l'armée, photos interdites, même avec de
doux arguments...
Devant nous un pickup en panne, surchargé, Transmission cassée, deux heures de perdues... |
Le reg dans toute sa violence, le sol doit être à 80 degrés |
Au fond, Fort Saganne, décor perdu dans le désert |
Les peintures rupestres |
Rares les images de femmes qui dansent, d'ordinaire c'est animaux ou scènes de chasse... |
Demain,
expédition jusqu'à Ouadane, une autre cité antique mauritanienne,
encore plus à l'est, près de 'l'oeil de l'Afrique », « Guelb
er Richât », longtemps considéré comme peut-être le plus
gros cratère d'impact de météorite de la planète, car quarante
kilomètres de diamètre, mais finalement, pas du tout ! Plutôt
une bulle de magma crevant la surface terrestre à un endroit où
elle est plus fine, grandiose quand même, mais seulement vu du
ciel...
Sur la piste de Ouadane |
Piste sommaire, joli dessin discret dans le désert... |
OUADANE
A
cent-vingt kilomètres de Chinguetti, Ouadane fut elle aussi un grand
carrefour de commerce du temps des méharées, au travers de tout le
Sahara, pendant des siècles,
Le
Ksar « ville fortifiée » de Ouadane fut fondé au VI°
siècle,(536) carrefour incontournable pour le troc du sel et de l'or, à
l'époque un kilo de sel s'échangeait contre un kilo d'or !!!
La
cité est fortifiée, ceinturée de murailles, adossée au rocher, en
hauteur, pour se protéger des razzias berbères,
Aujourd'hui
abandonnée, village fantôme, la visite, guidée par un jeune guide
mauritanien, est intéressante,
Le
site, et c'est là que l'on remonte encore dans le temps, est occupé
depuis le paléolithique inférieur, soit environ 60 000 ans !,
d'innombrables outils dans le sable en témoignent,
L'exceptionnel
aujourd'hui est que nous ne prenons pas la piste reliant Chinguetti à
Ouadane, mais nous traversons tout droit, au cap, à travers dunes et
cailloux, soit cent vingt kilomètres en plein désert,
Époustouflant !
Nous
croisons des dromadaires sauvages, des méharées avec leurs
bédouins, c'est à dire dromadaires, chèvres et moutons, et tout le
« fourbi » attaché...
Impossible
de dater les scènes, inchangées depuis des millénaires !
Nous
sommes seuls, traçant notre route dans le sable, chevauchant les
dunes, traversant les ergs caillouteux, et tombant sur une petite
oasis, « Tanouchert », où nous stoppons pour un 3T, à
l'ombre d'un M'bar, et un sandwich, à noter que un M'bar est une
grande tente carrée, et que malgré la consonnance « bar »,
on n'y trouve aucune bière...
La carte de Ouadane |
1500 ans que ça tient ! Sans ciment ... |
On devine à peine la cité dans le rocher ! |
Des rues étroites comme des tranchées |
Un peu de vie dans les ruines ... Petite "marmotte" du désert |
Petit lac de sel dans le désert, Rappel qu'il y a 370 millions d'années, la mer s'est retirée, pour toujours... |
Sept
heures aller et retour pour cette razzia pacifique sur Ouadane, à
partir de Chinguetti, par 42°...
Le
coucher du soleil, couché dans les dunes, sur le dos, contempler le
ciel pur et le croissant de lune
« Cette faucille jetée dans
le champ des étoiles... »,
Musique: (coup de cœur) encore et encore...
merci à ....
En buvant le thé vert préparé
par le chauffeur de Ahmed, nous parlons du désert, Ahmed m'avoue
qu'il est étonné de ma résistance à la chaleur en cette période
où tous les étrangers ont fui, il m'avoue aussi que, au moment où
les habitants restent à l'ombre et au repos aux heures les plus
chaudes de la journée, me voyant grimper les dunes en plein midi
pour faire des photos du désert, et profiter de l'absence d'êtres
humains, ils m'ont surnommé d'un terme qui sonne comme « majnoun »,
et qui doit signifier « le fou » !
Il
va être temps d'enchaîner !
Demain
retour sur Atar, pour un après-midi et une nuit, ensuite le
programme presque obligé est de redescendre sur Nouakchott la
capitale, et de remonter la côte vers le nord jusqu'à Nouadibouh
pour passer la frontière avec le Maroc, seul point autorisé, chiant
et monotone, un détour de 900 km pour rien !
MAIS !
J'ai
entendu parler d'un train, un des plus longs du monde, près de deux
kilomètres, qui relie les mines au nord-est de la Mauritanie,
Zouérate, à Nouadibouh, en longeant au plus près la frontière
avec le Maroc, sur 600 km, parfaitement rectiligne d'est en ouest,
et, paraît-il, ce train peut embarquer des passagers à Choum et les
amener à Nouadibouh, en environ seize heures, apparemment pas de
wagons passagers, on voyage avec le minerai de fer, d'autres disent
que non, qu'il existe des wagons passagers sommaires, enfin les
informations sont peu précises, et contradictoires...
Donc,
je vais monter à Choum en taxi et aller voir ça de plus près...
Ça
sent la poussière, l'inconfort, le bruit des rails, les courbatures,
les affaires pourries à l'arrivée,
Je
sens que,
si c'est possible,
ça va me plaire !
Si
ça marche, je vais quitter ce pays bientôt, avec regrets, tellement
j'ai vu des paysages hors du commun, tellement j'ai rencontré des
gens hors du commun aussi...
Le
vrai désert saharien, pas celui des touristes, celui que l'on va
chercher avec volonté et courage, un peu de chance aussi ! Et
qui m'a encore appris,
Je
repense avec émotion à mes lectures du soir, Théodore Monod et
Ernest Psichari,
Je
suis ému par leurs textes, toujours évidents :
Théodore
Monod :
« Une
fois disparus le lit, le camembert, le pain, retour à la vie
élémentaire, brutale et dépouillée, mais parfaitement
salubre...agréable non, saine oui, et pleine d'enseignements pour
des civilisés ayant fini par confondre l'accessoire et l'essentiel,
et par encombrer leur existence d'une foule d'éléments artificiels,
de besoins factices, de malsaines inutilités, qu'ils considèrent
naïvement comme « l'indispensable » !!!
Stupéfiant
comme c'est totalement vrai aujourd'hui …
Autre
texte qui me parle,
comme des mots de Kérouac !:
« Et
puis, il y a une certaine saveur de liberté, de simplicité, pour ne
pas dire plus, une certaine fascination de l'horizon sans limites, du
trajet sans détour, des nuits sans toit, de la vie sans superflu,
impossible à décrire, mais que certains reconnaîtront... »
Remontons
à E. PSICHARI :
Encore plus de sens, qui doit nous rendre encore plus humble...
« Si
longtemps que nous devions voyager, nous ne voyagerons pas en
touriste... »
« Et
que servirait-il à un homme de gagner le monde entier, ou simplement
de le parcourir en simple curieux, s'il y perd son âme ? »
J'ajouterai,
Mes
textes sont totalement partiaux, il s'agit de ce que je ressens aux
endroits où je me trouve,
Je
suis plus ou moins en verve selon ceux-ci, certains pays m'inspirent,
d'autres moins, d'autres pas du tout,
Il
faut dire que je n'ai aucune obligation contractuelle, comme les
envoyés en mission pour des guides touristiques, genre « petit
malin » ou « le pistard », de valoriser
systématiquement les choses, et quand je me trouve dans un trou du
cul du monde, d'en vanter les mérites et de dire que c'est
absolument à voir !
Quand
je me sens bien, je suis chez moi, parce que c'est ma planète, si ce
n'est pas le cas, je pars, sans haine et sans rancune,
Et
puis le voyageur devient exigeant, non pas de confort ni de luxe,
mais de bien-être et de pureté,
J 'ai
toujours envie d'aller visiter un endroit que je ne connais pas, quel
qu’en soit le prix ou la durée du voyage,
Mais
si je ne m'y sens pas bien, je peux repartir dans les quinze
minutes !
Par
contre je me livre beaucoup dans ce blog, coups de cœur, coups de
gueule !
« Peut
être pourrait-on se borner à la coutumière banalité du récit de
voyage, à la description, au document, tentation de facilité, et
peut être de sécurité !
On
n'entrouvre jamais sans péril les portes du jardin secret, et
laisser entrevoir la personne derrière le personnage représente, à
l'évidence, un danger... »
J'assume...
Départ
le matin tôt direction Atar, un coup d’œil à l'oasis de Azougui
au nord-ouest de la ville, puis visite du marché, achat de mangues,
énormes, et quelques trucs à grignoter pour la journée de demain,
Centre
ville pour trouver l'agence de transport dédiée, acheter un billet
de taxi pour Choum le lendemain à 15h, et voilou ! Reste
l'après-midi pour se reposer un peu
J'ai
trouvé un peu de documentation historique sur ce train, en
retournant saluer le conservateur du musée d'Atar, qui m'a offert trois thés !!!
Un
vieux projet, datant de 1910, prévoyait un train, projet fou à
l'époque, réalisé aujourd'hui, qui amène en convoi de 200 wagons,
soit deux kilomètres, le minerai de fer des mines de Zouérate
jusqu'au Cap Blanc à Nouadhibou, quelque chose comme 800
kilomètres ! 20 000 tonnes de minerai d'un seul coup, quatre
locomotives de 2500 chevaux !!!
Ce
train, il faut le voir, je l'ai vu
Il
faut le prendre, je l'ai pris...
C'est par là, la grande horizontale Choum / Nouadhibou sinon c'est Atar/ Nouakchoot par la route, et ensuite Nouadhibou par la côte... |
LE
TRAIN
Bon,
peut-être faut-il vivre l'expérience une fois dans sa vie,
Peut-être
peut-on s'en passer !
Pas
recommandé pour les touristes, ni pour les voyageurs débutants ou
pas très endurcis...
Atar,
terminal des minibus à 14h, départ pour Choum à 16h, arrivée à
Choum à 18h30, le minibus me dépose à la « gare », à
deux kilomètres du bourg, un bâtiment « cube » en
agglos, de cinq mètres par quatre, en ruines, sans toit, et
vide !
Posé
là, dans le désert, à quinze mètres de la voie ferrée, il reste
à attendre, la nuit tombe, pas de lune, juste le faible éclairage
du ciel étoilé, car ici le ciel est toujours envahi d'étoiles,
zéro pollution !,
Je
me crois dans un film de Sergio Leone !
C'est parti pour la frontière à Choum, enfin la frontière qu'on ne peut pas traverser ! |
La gare de Choum, oui c'est un western, oui c'est fou, restons zen ... |
Le train doit passer ici, quand ? |
Quelques recommandations... |
Me
viennent quelques mots de Léo Ferré :
Et
l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu,
Et
l'on se sent glacé dans un lit de hasard,
Et
l'on se sent tout seul peut-être mais peinard,
Et
l'on se sent floué par les années perdues...
merci
Léo de m'aider à attendre le train !
Le
train arrive à 21h30 !, pleine nuit, immense serpent d'acier, avec, à
l'arrière, deux wagons pour les volontaires à l'aventure !
Mais il est déjà bondé, par les ouvriers des mines qui descendent
à Nouadhibou, plus un banc de libre, il va falloir s'installer au
sol, sale et poisseux,
Étrange,
il fait très frais, presque froid..
Et
c'est parti pour une traversée de seize heures et six cents
kilomètres,
Assis
ou couché par terre, dans la crasse, le bruit des rails, les
secousses des wagons, à avoir froid, très froid tout le trajet, je
fouille mon sac à dos avec l'aide de ma frontale, enfile un deuxième
tee shirt sur le premier, puis un troisième, puis ma petite polaire,
mais j'ai froid, et les pieds (nus) « gelés »,
Dormir,
il faut oublier, sauf petites périodes de quelques minutes, qu'est
ce que je suis venu faire dans cette galère ?
Fin
du calvaire le lendemain à 13h !!!, à la gare, inexistante de
Nouadhibou ! C'est à dire le train arrêté en plein désert,
dans le sable, à trois kilomètres de la ville, entre deux rangées
de barbelés espacées de cent mètres, je comprendrai plus tard
qu'il s'agit d'un no man's land entre la Mauritanie et l'ancien Sahara
espagnol, aujourd'hui englobé dans le sud Maroc,
Des
taxis sont posés là, en vrac dans le sable, attendant les clients,
sachant qu'ils sont incontournables, interdit de continuer à
pied !... et je suis le seul étranger, celui pour lequel tous se battent, qui va payer dix fois le prix !
Je m'assois sur le sable et explique que des amis vont venir me chercher (menteur !), mais ça permet de voir venir... et d'attraper un taxi qui cherche un client, une heure plus tard, pour un prix correct, élémentaire mon cher ...... !
Je m'assois sur le sable et explique que des amis vont venir me chercher (menteur !), mais ça permet de voir venir... et d'attraper un taxi qui cherche un client, une heure plus tard, pour un prix correct, élémentaire mon cher ...... !
J'ai
pu observer un peu le train, dans les rares virages, depuis le lever
du jour, et m'apercevoir que les wagons sont emplis de minerai, en
blocs de toutes tailles, de la poussière aux gros « pavés »,
et que par-dessus, voyagent les moutons, les pattes blessées et
sanguinolentes, et quelques mecs qui font le trajet gratis, couverts
de poussière, et qui semblent vivants !!! Parce que moi j'ai
payé une modeste somme pour faire le trajet dans ma bétaillère,
!!!!!!!!! |
Bon,
j'ai économisé 900 km, mais à quel prix ! Crevant de froid en
plein désert...
Je
suis complètement en vrac !
A
Atar on m'a indiqué un centre de pêche à l'extérieur de la ville
de Nouadhibou, qui a quelques chambres et qui fait restaurant,
Je
m'y rends en taxi, c'est à moitié en "déconstruction", mais très
calme, en bord de mer, patron chaleureux, restau correct, mais bien
sûr pas une bière...
Je
bloque deux nuits, un après-midi pour nettoyer tout mon barda, et
moi même, et une journée de repos, car m'attendent des étapes de
800 à 1000 km dans les prochains jours, pour traverser le Sahara
Occidental sans traîner, car pas de points d'arrêt autres que Dahkla et Agadir, et pas
de plan « B » possible...
Si
un jour on vous propose Choum / Nouadhibou, ou l'inverse, en train,
croyez moi, déclinez l'offre...
Le centre de pêche |
Ma chambre |
Retour de pêche, repas du soir... |
Donc
repos à la « Pointe de l’Étoile », le centre de
pêche, et après, direct à la frontière, au Sahara Occidental,
terrain du « polisario », front politique armé luttant
contre l'occupation espagnole du Sahara occidental, créé en 1973,
les choses se sont arrangées depuis, enfin à peu près...
Voilà où je viens de passer un mois ! Le bas de la photo, reste le haut, je vais encore manger du sable... |
On
se retrouve là-bas,
Je
ferai je pense quelques notes séparées sur mon aventure
mauritanienne, une des plus belles et plus intenses depuis des années,
on m'avait dit « n'y va pas », heureusement que je n'ai
rien écouté !
ALLEZ !
Une petite galerie de photos pour finir...
La dodoche de Nouakchott ! |
Mon sac attend le bus ... |
Madame attend le bus... pour aller vendre quelques fruits à la ville |
Dune très pentue, quand on marche le sable coule comme de l'eau |
Travail du vent, et de la lumière... |
Au milieu du désert, une oasis c'est ça ! |
Bébé dort, par plus de quarante degrés... |
La tétée du soir ... |
Au cœur de Atar, je rêve... |
Rappel historique |
J'adroe !!! |
En
attendant,
ENJOY
&
Admiration voyageur fou ...
RépondreSupprimerMerci....
RépondreSupprimerJe fais un nouvel essai de commentaire test à partir cette fois de Google Chrome, alors que les trois précédents étaient postés à partir de Safari.
RépondreSupprimerSuper ton recit.
RépondreSupprimerJe suis allee 5 fois en Mauritanie, petits sejours ou de passage (une fois) vers le Senegal.
Solo sac a dos.transports locaux.
J y retourne en.janvier fevrier prochain avec un pote et son.van.
Adrar et Tagant a minima.
Une question : savex vous si a guerguerat on peut prendre l un visa court sejour ? (jusqu ici j ai tjrs pris le visa d un mois).
Merci de l info si vous l avez.
Tres chouette de lire ce blog. Plein de souvenirs s y associent.
Amicalement
Beatrice
Un grand merci, pour ce voyage époustouflant où j'ai retrouvé les passages puissants de mon voyage dans l'Adrar le mois dernier. Gratitude!
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