Les chemins de KATHMANDU - février 2016


LES CHEMINS DE KATHMANDU 
 Février 2016


(Les chemins de Kathmandu de R Barjavel-publié en 1969)



PRAEAMBULUM


Après quelques semaines en mode « Kérouac », dans sa période du « non-faire », au sens TAO chinois, c'est à dire contempler le monde et ses habitants, en ne faisant rien, avec un peu de recul et de hauteur (du haut de mon hamac!), les regarder bouger, parler, se déplacer et faire du bruit pour rien dans le paysage, je vais bientôt bouger.


Le non-faire est un sacré boulot!
Il faut ne rien faire, mais le faire bien...


J'ai fait quelques erreurs de débutant,
effet d'inertie de tout mon passé,

Erreurs de profane …


Le deuxième jour de mon arrivée, je suis allé faire un footing, aller retour au village , je me suis dit : il faut arrêter ça de suite, je n'ai pas recommencé.


Le lendemain je suis allé me baigner à la plage magnifique, toute proche de mon bungalow, STOP !, je n'y suis pas retourné.


Bien sûr quelques exceptions, errare humanum, un peu de bateau, quelques services rendus, quelques déplacements, mais je pense avoir assez bien réussi ce travail sur moi.


Bien sûr, cela implique une certaine déconnexion, Goût gueule, Fesse Bouc...
Ce qui n'était pas nécessaire dans les années cinquante...


Contemplé beaucoup, écouté beaucoup, entendu encore plus.


Rencontré des gens très divers, intéressants, tous uniques, fortes personnalités, qui peinent parfois à s'entendre, mais méritent tous d'être connus ! Certains, parfaits exemples de la « Beat Génération », qui semblent le revendiquer dans leur attitude, d'autres qui semblent ne pas en avoir conscience...Ce qui est sûr, c'est qu'on ne s'ennuie pas !!!


Fini par me sentir comme un objet,

Un thermomètre,
Que l'on plonge dans du froid, du chaud, du tiède, de la gaieté, de la tristesse, du rire, des larmes,



Dans le cul du monde...



Le non-faire, une sorte de ferveur monacale au milieu de la frénésie des va-de-la-gueule, amoureux de l'action, dont grouille le Monde

(Jack Kerouac)



Le non-faire s’accommode très bien d'une consommation conséquente de jus de houblon, et de l’inhalation de « thé » incandescent, substances qui permettent de s'élever sereinement au dessus de la masse grouillante, et d'atteindre une position « Entomologique »

(Moi)



Et puis il faut redescendre de la montagne, enfin du hamac !, bouger et redevenir une partie du Monde, un tout petit rien...



Je me retrouve à Kathmandu
(Népal pour les nuls!),
 connu, visité une douzaine de fois en vingt ans.






Pays dévasté par un tremblement de terre d'une rare violence en avril dernier, le dernier de cette force remonte à 84 ans, autant dire que pratiquement pas un Népalais vivant aujourd'hui n'a connu un tel cataclysme.



Je ne sais ce que je vais y trouver, mais je m'attends à du sévère...



Une petite musique légère,
avant d'entrer dans le sujet qui,
je le redoute,
ne sera pas toujours très gai !





Arrivée à Kathmandu, par avion, de Bangkok,

Vue du ciel, la ville semble comme à l'habitude,

Toutefois, les grandes artères, le « périphérique » et la quatre voies qui part vers l'est, sont quasi désertes de véhicules! à 13h, une heure, ou d'habitude, il y a un fort trafic...

Je vais bientôt comprendre pourquoi...


Sous l'aile de l'avion, l'Everest...

Phase d'atterrissage à Kathmandu,
toujours délicate...


Mon ami de vingt ans, Debee Tamang, m'attends à l'arrivée, avec l'écharpe et le collier de fleurs traditionnels, nous partons chez lui.



Retrouvailles avec toute la famille dans les rires,
et quelques larmes,

Ils sont tous vivants et très heureux de me revoir,

On ouvre quelques « Everest beer » pour fêter ça,

Installés sur la terrasse,
Debee me raconte la vie depuis la « Big Secousse »(Avril 2015)



Tout le monde est là,

Debee et sa femme Mitou,

Leurs enfants, Pabitra la fille de 23 ans, Amit le fils de 27,

Charmilla(14) et Lal Maya(18), les pupilles dont nous avons payé, à plusieurs, la scolarité.

Susan(18), le fils de Botman, mon ancien porteur et cuisinier sur les « expés », exilé depuis dix ans en Malaisie, à couler du béton pour une grosse boîte de BTP, qui, bien sûr, lui a confisqué son passeport, et que Debee a recueilli, lui assurant le gîte et le couvert, et nous l'éducation.

Je jette un coup d’œil sur ses cahiers (terminale) il est studieux et excellent élève.

Une Everest Beer pour fêter ça !


De gauche à droite, Charmilla, Lal Maya, Susan, Amit(devant) et Debee

Kathmandu en fin de journée, dans sa brume éternelle,
à l'arrière plan, la petit triangle blanc,
culmine à 7200 mètres...

Que du bonheur d'avoir aidé ces gosses, normalement condamnés à l'illettrisme, car de « castes » trop basses, et de les avoir portés jusque là, sans aucun échec !



Plus tard dans la soirée, la porte s'ouvre, Botman est là ! Qui me passe une écharpe autour du cou, les larmes aux yeux, il est enfin revenu de Malaisie il y a quelques mois, la « famille » est au grand complet !



En fumant une cigarette, plus tard sur la Terrasse, il va me remercier, dix fois en vingt minutes, de ce qui a été fait pour Susan, des larmes plein les yeux. Je suis ému, mais content de constater que ce « travail », de près de vingt ans, à porté ses fruits, et permis à tous de s'élever bien au dessus de la condition qui leur était promise...


J'apprends, et je constaterai très vite les nombreux problèmes qui se posent :



Destructions,

Vue d'assez loin, la ville ne semble pas différente, elle n'est pas « rasée », les habitations sont denses, collées les unes aux autres, se soutenant mutuellement,

Mais, partout il y a des « trous », des bâtiments ont disparus, beaucoup sont très ébranlés, étayés de partout, ne restant debout que parce qu’ils sont coincés entre d'autres...

Des milliers d'habitations ont disparu,

La ville donne plus l'impression d'avoir été bombardée que secouée !
On reconstruit, ici

Et là...



Les temples !

Là, c'est la dévastation !

250 détruits à Kathmandu

130 à Patan(Lalitpur)

78 à Bagdaon...



N'oublions pas,

Plus de 8000 morts

des dizaines de milliers de blessés,

deux millions de sans-abri...





Les témoins de toute l'histoire du Népal, architecture, royaumes, lieux sacrés,

Gommés, effacés, transformés en gravas...



Pas d'eau dans les tuyaux !

Il faut faire des aller-retour vers des réservoirs pour ramener à pied des jerrycans d'eau, (payante !), et les monter dans les étages pour les besoins de la journée.

Pour l'eau potable, on peux trouver des bouteilles en magasin et, pour les plus démunis, acheter de l'eau dans des petits sacs plastique de un demi litre...

Corvée d'eau...

Tout le monde participe


Pas de gaz !

On est revenu à la cuisine au feu de bois, sur la terrasse, ou le petit balcon, dans des fourneaux improvisés, bidons en ferraille garnis d'argile et de fers à béton.
vive le camping, en appartement...

Des sacs plastique pour faire pousser quelques légumes sur le balcon, balcon où on élève des poules, le voisin du troisième étage en a cinq sur sa petite terrasse...

Le poulailler du troisième...


Le Népal, qui a toujours eu du mal à décoller, battant de l'aile, s'est fait abattre en plein vol, retournant au moyen âge, dans un décors moderne...



Quasiment pas d'essence !

L'Inde a coupé les approvisionnements (gaz & essence) profitant de ce que le pays était abattu par la grande secousse, pour lui enfoncer la tête sous l'eau.

Il est vrai que l'Inde a toujours maltraité le Népal, mais ce serait trop long à développer ici .



On trouve de l'essence au marché noir, à 5 euros le litre !, de très mauvaise qualité, elle est coupée avec d'autres produits, pour augmenter encore le profit de ceux qui profitent de la misère de leurs compatriotes (eh oui comme partout).

Sinon dans les stations essence, il faut faire la queue pour obtenir 3 ou 4 litres seulement...



Quand je dis queue, c'est longue queue, vous n'en avez aucune idée...



Sachant que j'allais arriver, Debee est parti faire le plein de la moto,

il a obtenu 4 litres d'essence, après avoir fait la queue pendant...


trois jours !!!!

Une petite partie de la queue des motards pour l'essence


Taxis

Il y a trois mois le tarif des taxis a explosé, une course du centre ville à l'aéroport, qui coûtait 250 roupies, est passée à 3000 !



L'électricité

Qui a toujours été un problème, l'Inde produisant de l'énergie hydroélectrique en deçà de sa frontière, avec l'eau qui arrive du Népal et de l'Himalaya, la revendant très chère au Népal, et toujours en quantité insuffisante, pour maintenir le pays sous le joug, est devenue encore plus rare, quelques heures seulement par jour, et différentes selon les quartiers.



La nuit est tombée, on se croirait sous couvre-feu.

Kathmandu by night ...

Le courant revient,
on doit avoir 120 volts, juste de quoi rougir le filament de l'ampoule...

Le pays est exsangue, je suis sidéré,

Arrivé depuis à peine plus de six heures à Kathmandu, je prends tout cela de plein front,

Je comprends que je ne suis pas au bout de mes surprises...

Quelques autres photos :

Ma moto, un peu "déshydratée"

Le panneau de l'agence de trek de Debee, pendue au balcon,
Qui a fini par m'écouter et monter sa boîte, vu son expérience,
Mais depuis avril dernier, de clients, point!!!

Avec Pabitra, ma deuxième "fille", népalaise,
La première n'est pas jalouse,
enfin, je l'espère !!!


Demain je commence à visiter,

On se retrouve là bas,



En attendant,

             ENJOY

                               &

                                        B.A.P.



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