TANASSERIM
– mai 2017
Bon,
il est temps d'enchaîner,
Un
bus de nuit pour repasser par Mandalay, arrivée 3h30 du matin, le
pire !, un share-taxi qui dépose un couple de Coréens à leur
hôtel et me plante là, à quatre kilomètres de la pension où je
veux aller, quatre kilomètres à faire à pied avec tout le barda
sur le dos, dans des ruelles peu ou pas éclairées...désertes,
Si
je fais une mauvaise rencontre, par exemple deux types qui veulent
mon sac, voire plus, j'ai perdu,
Petit
moment de solitude...je marche au milieu de la rue, une cigarette au
bec, en sifflant du Brassens, bien fort !
Arrivée
à 5h devant l'hôtel, le gardien m'ouvre, me fait entrer, et me tend
la clef d'une chambre en me disant : pour les formalités on
verra plus tard,
Fantastiques ces Birmans !
Fantastiques ces Birmans !
5h10
couché, 5h15 je dors...
Réveil
à 9h, il faut que je trouve vite un moyen de repartir, car Mandalay,
je commence à connaître...troisième visite !
Je
me convoque en réunion extraordinaire au breakfast, et m'interroge,
J'ai
très envie d'aller vers l’extrême nord, où se trouve un joli
lac, près de « Hopin », le "Indawgyi", mais à cette saison, le risque
est de faire l'aller retour, donc des dizaines d'heures de transport,
pour rien, le lac étant peut-être très bas, ou asséché, à cette
période,
J'abandonne
l'idée, et décide de descendre vers le sud, vote à l'unanimité,
accepté !
Donc
descendre à la pointe sud de la Birmanie, toute cette partie étroite
du territoire birman, qui pend comme une queue, en dessous de
Rangoon.
Cette
zone du pays n'est plus interdite depuis peu, et, paraît-il, très
belle,
Et
puis, Kawthoung et Victoria-point, c'est ce que je devine sur
l'horizon quand je suis dans « mon » île...
Allez !
Un peu plus de mille kilomètres à faire, il va bien falloir quatre
ou cinq jours, mais mon visa étant déjà dépassé, je pourrai
traîner un peu en route, si je découvre de jolis sites...vers les
îles Mergui ou la pointe Tavoy...
Donc
direction la pointe sud, traversée du Tanasserim, chez les Bamars et
les Kayins,
Je vais commencer vite car j'ai déjà fait le début du parcours dans l'autre sens il y a plus d'un mois, à partir de Hpa-An,
Bus
de nuit Mandalay/Moulmein, treize heures de route, arrivée à sept
heures du matin, un peu de repos, je cherche la suite,
Livraison de bière à Moulmein |
Ancienne maison coloniale, très belle, inhabitée, et qui tombe en ruines, dommage... |
Petits bateaux de pêche |
Deux pigeons me tiennent compagnie pendant ma bière ! |
Le quotidien local parle de le Pen !!! |
OK,
minibus de nuit pour Dawei, même pas besoin de chercher un hôtel,
douche et lessive dans les toilettes d'une gargote, rhabillé
mouillé, mais pas grave, il fait plus de quarante !
Trajet
de nuit jusqu'à Dawei en neuf heures, arrivée 3h du matin, dans le
noir, même pas un café, l'horreur !!!, je discute avec
les voyageurs du bus,
un jeune couple d'Allemands, et un Espagnol, catalan très sympa,
Andreas, à nous tous, nous réussissons à faire un pré-breakfast,
J'ai
du Nescafé, du sucre, et un peu de rhum, le catalan de l'eau, les allemands un
réchaud, en vingt minutes tout va bien et le moral remonte...
Nous
attendons le jour...
J'ai
entendu parler, ces dernières semaines, au hasard de rencontres
avec des « baroudeurs », d'un petit endroit paradisiaque,
en bord de mer, à quelques
dizaines de kilomètres au sud de la ville, mais un peu difficile
d'accès, la plupart finalement n'y sont jamais allés, mais le mythe
existe...
Les
Allemands, en voyage tranquille, et quasiment en lune de miel,
préfèrent rejoindre la plage la plus proche, jolie, mais réputée
« sale », normal, c'est là que tout le monde va...
Mon
nouvel ami catalan, de vingt-sept ans, se laisse séduire et décide
de m'accompagner vers cet eldorado, donc en piste pour la
logistique...
Quelques
heures d'attente pour le lever du soleil, à six heures un minibus
part dans la bonne direction et nous dépose deux heures plus tard au
bord de la route dans un minuscule village, à l'entrée d'un chemin
comportant un petit panneau « SIN HTAUK 10 km », nous
sommes sur la bonne voie...
D'un
commun accord, vu l'isolement de la destination, nous décidons
d'arpenter le hameau afin de trouver quelques provisions, et, au
moins, une bouteille de rhum, cela semble impossible aux dires des
habitants, mais, avec un peu de persévérance, et quelques centaines
de mètres à pied, plus un interrogatoire appuyé des « indigènes »,
nous trouvons notre bonheur...des gâteaux, des chips, des bananes,
et deux bouteilles de rhum,
OK Andreas, vamos !
Reste
à trouver deux jeunes, avec chacun un scooter, pour nous emmener au
bout du chemin, à dix kilomètres, c'est vite réglé avec un peu
d'argent !
En
route, on évite un gros python qui traverse la piste, nous sommes
bien en Asie !
Une
grosse demi-heure plus tard, nous sommes déposés au cœur d'un
minuscule village, et mon « pilote » m'indique une petite
pistouille, qui plonge directement dans la mangrove, en me faisant
comprendre « deux kilomètres »,
C'est
parti !
Fort
heureusement c'est marée basse, et après une heure à patauger dans
la boue et les palétuviers, arrivée sur le front de mer !
Là,
on ne regrette pas le trajet !, une petite presqu'île rocheuse
et « jungleuse », en forme de raquette, à droite une
grande plage de sable blanc, en arc de cercle, de deux kilomètres, à
gauche, idem sur quatre kilomètres,
Et
personne en vue !!! un vrai paradis...
Une
seule structure, avec quelques bungalows à louer sur la plage ouest,
une dizaine, en bambou tressé, à dix mètres de la plage, j'en
prend un pour deux nuits, mon ami catalan envisage de rester plus
longtemps,
Je
vais y rester trois jours, repos, baignade, soleil, écriture, je sens
que je pourrais y séjourner des semaines....
Je
suis sur la pointe « Tavoy », ancien nom russe de
l'endroit,
Puis
j'enchaînerai au sud vers MYEK, la vieille ville qui fait face aux
îles Mergui, sept cents îles, pour l'instant protégées du
tourisme,
Je
n'ai pas eu le temps de visiter Dawei, construite en 1751, à
l'époque un grand port du Siam, et du royaume d'Ayutthaya,
Il
est vrai que la frontière avec la Thaïlande est tout près,et la
côte est de ce même pays à peine plus loin !
Je suis dans le Tanasserim, longue et étroite bande de terre,
Je suis dans le Tanasserim, longue et étroite bande de terre,
La
queue du « chat birman »...
Donc
j'ai passé trois heures à Dawei, il y a trois jours, de trois à six heures du
matin, pas moyen de visiter en pleine nuit...
Ancienne
colonie anglaise, la ville a gardé de beaux restes, très
« british », j'aurai loupé la grande pagode, et le grand
Bouddha couché, de 71 mètres de long,
Mais
couché à cette heure, je le comprends, j'aimerais être à sa
place...
Deux
jours de Farniente ! À Sin Htauk,
LAZY
DAYS !
Le
deuxième jour, un couple de trois Suisses est arrivé ?!?!?!
(Deux filles et un garçon, sympas)
Nous
sommes cinq sur le site, et tout va bien se passer, baignades, jeux
de société, jeux de cartes le soir, feux de camp sur la plage,
rhum et baignades de nuit, si ce n'est pas le paradis, ça y
ressemble...
Départ,
on enchaîne, et ça va être chaud, je le sais d'avance, ce ne sont
pas les auspices qui sont défavorables, ce sont les horaires !
Le
premier minibus pour repartir vers Dawey est à huit heures, à douze
kilomètres sur la route principale, et c'est aussi le dernier, et le
premier bus pour partir de Dawey vers le sud est à dix heures, et
c'est aussi le dernier, je vais tenter le coup....
J'ai
demandé au patron, qui se lève vers neuf heures du matin(!) de
trouver le moyen de mettre à ma disposition un thermos d'eau chaude
et un peu de Nescafé et de sucre, sur une table dans l'espace
commun, promis, je me couche optimiste...
Je
me lève à cinq heures, rien ! Ça part mal,
Je
laisse un petit mot sur la terrasse de mon ami catalan, sous un
caillou, et me décide à partir, je laisserais bien une grenade
dégoupillée sous le coussin du fauteuil du patron, mais bon....
6h,
je pars à pied sur la plage et oblique pour traverser la mangrove,
6h 30,
je suis perdu dans les palétuviers, de l'eau jusqu'au genoux,
Je
pars à l’instinct, vers l'est, grâce au soleil, et vers la route,
7h15,
je débouche sur la piste, mais je ne sais où, dois-je aller à
droite ou à gauche pour trouver le hameau ?
C'est
mal parti car il faut bien 45 mn pour rejoindre la route et l'arrêt
du minibus,
J'essaie
de communiquer avec le peu de gens qui sont présents sur les bords
du chemin,
Une
femme me fait comprendre qu'elle a du café, je pose le sac et
m'arrête,
Je
me dis que c'est foutu, mais pas si grave...
7h30,
un gamin arrive en moto, tout sourire, et comprend que je veux aller
à la route,
Il
vient de livrer des légumes, et repart cinq minutes plus tard avec
moi derrière,
Il roule à fond, je comprends qu'on peut arriver à l'heure,
mais
qu'on a de bonnes chances de mourir avant...
Arrivée
sur la route à huit heures moins rien...,
Le
minibus arrive à huit heures tapantes, bondé...
Une
heure quarante de trajet jusqu'à Dawei,
Un
moto-taxi pour changer de gare routière,soit quelques kilomètres,
Arrivée
à dix heures pile,
Le
bus pour Myek est prêt à partir, reste une petite place,
Ça
roule,
Chaud,
très chaud...
C'est de la fenêtre du minibus que je vois de nouveau la brutalité des choses,
Ralentissement, en fait un accident, concernant deux scooters apparemment,
Deux machines bien amochées sur la route, trois corps, trois ados, deux garçons et une jeune fille, allongés sur le dos, les bras le long du corps, visage paisible comme si ils dormaient, mais morts, tous trois blessés à la tête, et posés là, sur la route, sur le goudron fumant, fondant, en plein soleil, il fait plus de 40°,
Trois flaques de sang, rouge vif, qui sèche déjà,
Le minibus contourne la scène, et continue...
Le quotidien, dans toute sa brutalité !
Arrivée à Myek à dix-huit heures,
Ralentissement, en fait un accident, concernant deux scooters apparemment,
Deux machines bien amochées sur la route, trois corps, trois ados, deux garçons et une jeune fille, allongés sur le dos, les bras le long du corps, visage paisible comme si ils dormaient, mais morts, tous trois blessés à la tête, et posés là, sur la route, sur le goudron fumant, fondant, en plein soleil, il fait plus de 40°,
Trois flaques de sang, rouge vif, qui sèche déjà,
Le minibus contourne la scène, et continue...
Le quotidien, dans toute sa brutalité !
Arrivée à Myek à dix-huit heures,
Un
petit hôtel bon marché, des chambres de moins de quatre mètres
carré, sans fenêtres, sanitaires sur le palier,
Enfin,
ça devrait être pour peu de temps,
Quatre mètres carrés, presque un record... |
Balade
à pied le long du front de mer, un petit restau, minable, je crève
de faim, rien mangé depuis vingt-quatre heures, mais ne pourrai pas
finir mon assiette...tellement c'est mauvais, et tellement je ne sais
pas ce que c'est... d'après la serveuse, c'est un curry de méduses...
Une
nuit de récupération, puis renseignements pour excursion vers les
îles,
En
fait, n'existent que quelques options, toutes vers la même île
(alors qu'il y en a plus de sept cents...), et très chères,
Ce
sera sans moi,
Je me Khass !!!!
L'église catholique de Myek |
Le port |
Cette photo mérite une explication !
Ca ressemble à un immeuble, mais c'est bien différent, portes, balcons, et fenêtres, ne servent à rien, une partie est en trompe l'œil, cette maison n'est pas habitée, enfin pas par des humains!
Je ne vais pas vous demander de deviner, il est peu probable que vous trouviez,
C'est un immeuble pour hirondelles, des milliers d'hirondelles!
Le commerce des nids d'hirondelle est si lucratif, que, pour les "exploiter" en ville, on leur construit un bâtiment, en tous points semblable à un immeuble d'habitation, sauf qu'on s'est dispensé de poser des rambardes sur les balcons!
C'est sur les flancs du bâtiment que l'on voit des dizaines de petites entrées pour les oiseaux !
Par contre, si on habite dans le quartier, vu le bruit, on comprend assez vite !!!
J'ai passé une nuit juste en face, l'enfer!!!
C'est bien la première fois que je vois ça!
Moto-camion, magnifique ! |
Je
saute dans un minibus en fin d'après-midi, direction Kawthoung,
l'extrême sud, arrivée prévue au lever du jour...
Cette
descente de toute la pointe sud birmane, depuis quelques jours, est
un régal, bien sûr ce sont des dizaines d'heures de bus, mais le
paysage est magnifique, vert, luxuriant, parsemé de petits villages,
de rizières, palmiers, jardins, sur environ mille kilomètres,
Pas
de touristes, juste quelques voyageurs qui s'aventurent dans cette
zone ouverte récemment,
Les gens sont prêts, disponibles, souriants, parlant un minimum d'anglais, heureux d'accueillir les premiers visiteurs
La
route est neuve, mais pour l'instant c'est moitié fait, moitié en
train de se faire...donc circulation compliquée !
La
route est réalisée en grande partie par des femmes, « à la
main » !
A
la main la sous-chaussée, en gros, moyens, et petits cailloux, à la
main le goudronnage, puisé dans des bidons de deux cents litres,
chauffés par des feux de bois, à la gamelle, avec des gants, mais
pieds nus...
Les
ponts, des dizaines, en construction, dans un an c'est l'autoroute du
sud !
Des
heures à contempler le paysage qui défile, sans se lasser,
Les
Birmans, partagent un bonbon, un gâteau, un sourire, essaient de
communiquer, curieux de découvrir l'étranger...
Petite
surprise en milieu de nuit, barrage de police, contrôle des
passeports, un officier, qui parle un français plus que correct,
scrute mon passeport, et me dit, « savez vous que votre
visa est dépassé depuis deux semaines ? », je réponds
« oui je sais... », et lui, pour finir « Ah bon,
OK » !!! et c'est tout, apparemment le fait que je le
sache lui suffit...
Arrivée
à 5h45 à Kawthoung, ouverture du bureau frontière à 6h du mat,
donc un café, et en avant pour les formalités, simples et rapides,
plus une amende de trente dollars, à 6h15 je saute dans un bateau de
pêche mené par un gamin de seize ans, traversée de l'estuaire, à
6h50 j'accoste en Thaïlande, contrôle, visa de trente jours, obtenu rapidement avec un sourire, et l'offrande d'un paquet de cigares birmans, deux
kilomètres à pied, un speed boat, à 8h30 je suis dans « mon
île », à 9h j'ai une moto et un bungalow,
STOP !!!
je m'arrête là....
Le bureau vert, c'est la police des frontières birmane, c'est fait! je vais quitter le pays sur ce bateau |
Le ponton d'arrivée/départ de Kawthoung |
Mon capitaine est prêt à partir |
Le petit port de Ranong, je connais, je suis presque à la maison... |
Je
suis fatigué, très fatigué, je réalise que, ces derniers jours,
j'ai fait très peu de photos, et que BUZZ est resté à dormir dans
le fond de mon sac, preuves que je suis très fatigué, inefficace, plus bon à rien...
Je
vais rester un peu, me reposer...
Alors
on se retrouve ici, très vite !
En
attendant,
ENJOY
&
Merci pour la fin passionnante de ton périple Birmanie.
RépondreSupprimerÀ toi aussi : enjoy and be happy
on attend la suite avec une impatience non dissimulée
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