LA
DIAGONALE DU FOU – octobre 2016
St
Denis, Ste Suzanne, St André, St Benoît, Ste Anne, Ste Rose, St
Philippe(eh oui!), St Joseph, St Pierre, St Louis, St Leu, St Gilles,
St Paul,...
Liste
de saints à la Prévert,
Ce
n'est pas sur une île que je viens d'atterrir, mais sur un
calendrier !
Bon,
vous avez deviné, je viens d'arriver sur l'île de La Réunion,
paradis des trekkeurs, randonneurs et marcheurs de tout poil et de
toutes confessions.
J'en
rêvais, j'y suis !
MUSIQUE :
(Plus particulièrement pour MP !)
Appelée
Dina Morgabim en 1502, l'île s'est nommée au fil des ans, Santa
Apolonia, Mascarin, Bourbon, puis définitivement La Réunion en
1841, année de l'abolition de l'esclavage.
(eh oui, logique)
(eh oui, logique)
Dans
quelques jours, du 20 au 23 octobre, aura lieu l'édition de « La
Diagonales des Fous », un des plus beau et plus dur ultra trail
du Monde,
170
km à pied à travers l'île, du sud au nord, près de 10000 mètres de
dénivelée, passant par les crêtes, sommets et cirques de l'île.
Ultra
dur, ultra beau,
Environ
2200 participants, PLUS MOI !!!
Je
suis là pour ça...
Mais
pour faire ça à mon rythme, moins soutenu, avec mon sac et mon
appareil photo.
Je
vais passer juste derrière eux, parfait, 2200 paires de pattes
auront bien nettoyé et tassé les chemins !
Départ
de Saint Pierre, dès que je sors à l'autre bout, à Saint Denis, je
vous raconte...
Le
départ va se faire d'ici, belle maison où je suis hébergé,
Couchsurfing
5 étoiles !!!
Merci à CF & AG !
Merci à CF & AG !
Arrivée à l'aéroport de St Pierre |
Le port de St Pierre |
J-1, pour le moment ça va.... |
De la fenêtre de ma chambre, je vois le Piton des Neiges à l'arrière plan, au centre, j'espère y être bientôt... |
Départ demain Grand article dans le quotidien local, le JIR |
Le profil du parcours fait un peu peur.... |
Ensuite
ça va être plus dur, beaucoup plus dur...
C'est
parti !
J1
Départ
9h du matin de Saint Pierre, un petit bout en voiture pour éviter de
faire la parade dans la ville et ses faubourgs, passer par le
« Tampon », et rattraper l'itinéraire du Raid,
Le
timing est bon car je rattrape juste les voitures balai et les
bénévoles qui enlèvent les rubans de balisage !
En
avant, vers le haut, six heures de marche, entrecoupées de quelques
pauses très courtes,
Je
me retrouve, après avoir longé les remparts , grande falaise
qui surplombe la rivière du même nom, en contrebas du piton Textor
et du GR2, fil conducteur de la course, et le mien par la même
occasion,
Je
décide de me poser là, pour une première journée de mise en route
ça suffira, car, à l'exception d'une balade d'une vingtaine de
kilomètres dans la forêt de Fontainebleau en juillet, je n'ai pas
fait de longue marche depuis le Népal en février
Je
suis à 1800 mètres d'altitude, déjà il ne fait plus très chaud,
et, bien sûr, question équipement et vêtements chauds, je suis
assez démuni...
Je
ne pourrai pas dormir « à la belle », donc plan B,
Je
me fait héberger dans une petite maison très très modeste, à la
façon de « Maxime ! » de « j'irai dormir chez vous »,
un couple de créole de la soixantaine, Philippe et Josy,
Il
me faut bien une demie heure pour les mettre en confiance et les
convaincre de me prendre pour la nuit, finalement ça roule, je vais
dormir chez eux !
En
vérité, je suis reçu comme un ami, le soir dîner typique
régional, rougail de saucisses plus riz plus lentilles, plus
poisson, plus bière plus café,
Et
hop !, au lit.
Les débaliseurs, on est ensemble au départ |
Fin de matinée, je vois Saint Pierre, mon point de départ |
Au hasard du chemin je tombe sur un original, qui s'est construit une maison originale... |
Au pied du Textor je passe devant le gîte de Chantal Guesdon ! Amusant Une pensée pour Patrick Guesdon, et son fils Nicolas, grands amateurs de trails... |
Chez Philippe & Josy, mon hôtel d'un soir... |
La tomate "arbust", je découvre un nouveau fruit/légume |
J2
Un
petit café, plus un deuxième, un au revoir à Philippe et Josy, et
je repars vers le haut, direction le piton Textor,
Arrivé
là haut, 2165m, le temps est au beau, je décide de quitter la
parcours des Fous et de partir vers l'est, direction le volcan, ça
me rallonge de quarante kilomètres, mais c'est l'occasion.
Je
suis déjà naze, mais tant pis, la forme finira bien par revenir au
fil des kilomètres,
Je
suis bientôt à 2400m, plein soleil, mais déjà frais...
A
quinze heures j'arrive au gîte du volcan, bien sûr je n'ai pas
réservé, c'est un peu chaud, car dormir dehors sans tente ou sans
abri, ça sent un peu la mort, au mieux la pneumonie...
Finalement
on me trouve un lit, je jette mon sac dessus et file sur la piste du
volcan, vers le cratère, c'est la course avec le soleil,
J'arrive
à temps, je descends les marches et lacets vers la caldeira encore au
soleil, et pars me balader sur la lave durcie, voir le petit cratère
« Formica Leo », proche, et un peu plus loin vers le
cratère principal, que je n'atteindrai pas, faute de temps.
Je
rentre à la nuit pour grignoter et dormir,
Je
suis mort, et heureux....
Les pitons au loin... C'est pour demain... |
La rivière des remparts |
Cette dépression est le fait de l'effondrement d'un volcan de plus de 2000m sur lui même il y a environ 200 OOO ans |
Traversée de la plaine des sables pour rejoindre l'enclos Fouqué, la caldeira du volcan |
La plaine des sables |
Joli chemin, végétation de montagne |
La caldeira, le Formica Leo, et le cratère principal au fond |
Marcher sur la lave... |
Zérayam !!! |
Le piton de la fournaise au coucher du soleil |
J3
Etape
de fou, car j'ai compris que je ne pourrai pas dormir à la belle
dans « les hauts » entre 2000m et 2600m,
Je
dois rejoindre le gîte du Piton des Neiges, par le GR et les crêtes,
ça fait une trotte, (ça va me prendre onze heures)
J'arrive
à 17h au gîte du piton, altitude 2460m, beau temps, je suis
largement au-dessus des nuages, mais largement au-dessous d'une
température supportable avec mon « dress code »...
Bon,
on me dit " désolé, il fallait réserver, on est complet
jusqu'à novembre."
Je
commande une bière et attends, et bingo !, un couple qui avait
réservé n'est pas venu, hop ! J'ai un lit, il est 18h, la nuit
tombe dans trente minutes...
Je
jette mon sac sur le lit, moi avec, et je m'endors direct, sans
manger, pour douze heures...
Point de vue du "Nez de Bœuf", Ma route m'a fait passer par toute la crête de droite... |
Le chemin de la "Mare à Boue", qui mène au Piton des Neiges |
Jolies couleurs sur le bord du chemin... |
Ne pas faire un faux pas ! |
Le gîte du Piton des Neiges |
Sommet caché derrière les nuages C'est pour demain... |
J4
Réveil
à 7h, temps magnifique, je suis bien fatigué mais il faut monter là-haut, je ne peux pas louper ça,
Deux
cafés, une barre céréales, et en avant pour le sommet, finalement
ne restent que un peu plus de six cents mètres à grimper...
J'y
suis à 9h, 3070m,
C'est
grandiose, lunaire, vue à 360° sur toute l'île, les cirques avec
leurs villages, Cilaos, Mafate,
Salazie,
deux mille mètres plus bas,
Une
demi-heure de plaisir au sommet, il faut redescendre, récupérer le
sac au gîte, et attaquer la descente du « Bloc », le
rempart du cirque, pour rejoindre Silaos,
1200m
plus bas, par un chemin vertigineux... des milliers de marches...
3h30
pour descendre le mur et rejoindre Cilaos
Premier
gîte rencontré, je prends un café/rhum, discute avec la patronne,
lui fais un peu de charme, elle me fait cadeau du café/rhum et me trouve
un lit !
Je
vais pouvoir enfin prendre une douche car les deux gîtes précédents
n'avaient pas d'eau !!!
Il
est 15h, le moral remonte, je suis sauvé pour la soirée, et la
nuit.
Je
prends mon courage à deux pieds pour « descendre en ville »
,
Désolant,
d'une laideur rare, aucune harmonie architecturale, un patchwork de
mauvais goût,
Le
seul édifice remarquable est l'église,
Mais
pour y trouver une bière....
Allez, c'est là haut... |
Première esplanade sous le sommet, c'est lunaire... |
Encore 20 mn d'effort! |
Tout autour c'est le chaos... d'avant Dieu... |
Le règne minéral... |
Nous y voilà! |
Au fond, en bas, Cilaos, c'est là que je vais aller dormir |
On devine le refuge, et, plein centre, le rempart à descendre |
Au sommet, des drapeaux à prières Tibétains, ça fait plaisir... |
J5
8h
départ, hier midi j'étais à 3070m, suis descendu dormir à 1200m,
ce matin il faut remonter à 2080m, au col de Taibit, pour basculer
du cirque de Cilaos à celui de Mafate.
Arrivé
au sommet à 12h, descente vers le village de Marla, trouver un lit ?
Nouvelle galère !!!
Les
trois premiers gîtes visités me disent non car ils sont soi-disant
complets, en vérité, je suis sûr du contraire, ils sont vides, et
un client, c'est un client de trop, ça fait du boulot, et le
boulot...
La
solution est au bar/snack du coin, style rasta, musique et djembé, chez "Jimmy", comme à Kho Phayam, comme quoi!!!
Deux
rhums arrangés, deux cafés, deux heures à sympathiser avec le
couple de gérants, et hop !, à 15h30 j'ai un lit sur place et
deux nouveaux potes,
Qui
m'offrent le troisième rhum...
Il
va falloir calmer le jeu, on est seulement en milieu d'après midi...
Je
passe en mode repos, récupération,
Pour
le reste on verra demain.
Me
reste environ 70km à faire, j'espère sortir en deux jours à St
Denis,
C'est
beau, magnifique, mais il est temps que ça cesse, j'ai les pieds
détruits et je suis crevé... ( oui, j'aurai fait tout ce parcours sans chaussures...)
Autant
je n'avais croisé quasiment aucun marcheur ces quatre derniers
jours, autant, sur ce versant, je rencontre beaucoup de monde,
surtout Allemands, Français, Autrichiens, peu d'Anglais.
L'ambiance
est sympa partout, ou à peu près... mais on comprend vite qu'ici,
la nonchalance est de rigueur, le respect des horaires inexistant,
et que le travail, c'est trop dur,
Un
peu d'assistanat est le bienvenu...
Ça
me rappelle la petite chanson de Nouméa,
chantée avec humour et
dérision par un groupe Kanak
"C'est la France qui paye!"
Dans la forêt je croise un Tang, petit hérisson réunionnais(Tenrec Ecaudatus) |
Derrière moi, le col Taibit, en "V" que je viens de franchir pour descendre vers Marla |
Dans le cirque de Mafate, l'autre petit col en "V", au loin, La Fourche, c'est pour demain... |
J6
Départ
de Marla, direction le col de La Fourche 1946m pour avoir une vue sur
le cirque de Salasie et faire une photo, redescendre quelques
centaines de mètres pour remonter au col voisin : le col des
bœufs à 2040m, quelques kilomètres sur la petite route qui y arrive, de Salasie,
et rebasculer sur la gauche, pour redescendre dans Mafate par le
« sentier scout », avec des passages en flan de falaises,
des rampes en acier, genre via ferrata, pour ne pas tomber dans le
vide, des passages en crête de un mètre de large, avec 1000m de
vide de chaque côté, et dans le brouillard...
Arrivée
en fin de journée à Aurère, petit Ilet (village) joli et
tranquille, trouvé un lit du premier coup!!!
Bonne douche, bon repas,
retrouver un groupe de Français qui ont fait La Diagonale, et qui,
avant de rejoindre Paris, font un peu de rando avec épouses et
enfants...
Une
bonne nuit de récup après avoir vidé deux bouteilles de rhum
ensemble, normalement la dernière !(nuit! pas bouteille!)
Le col de La Fourche |
La crête entre le col de la Fourche et celui des Bœufs, dont on devine l'héliport, infranchissable, il faut descendre et remonter... à droite, Salasie, à gauche Mafate |
Vue sur Salasie... |
A droite et à gauche, 1000 mètres de vide, et le chemin qui monte et se perd dans...le néant jamais vu chemin de crête aussi étroit... |
Gîte du soir, espoir... |
J7
Départ
de bonne heure, toute la vallée à descendre, de 900m à 270m pour
rejoindre la rivière des galets, la suivre sur une dizaine de
kilomètres, et déboucher sur la route, marcher jusqu'au village de
La Possession, trouver un arrêt bus, et rejoindre Saint Denis, il
est 14h30
FINI !!!
Mafate le matin, simplement beau... |
Trois heures pour sortir de Mafate et descendre ce canion géant et torturé |
A l'arrivée, je tombe sur un temple Tamoul, J'ai du marcher trop longtemps, me voici à Pondichéry!!! |
Bon,
j'ai passé sept jours à marcher à travers l'île,
Par
monts et par vaux,
Grands monts
et gros vaux,
Gros
mots parfois !
J'ai
fait environ 180km, 10 000m de dénivelée, pour un peu plus de 50h
de marche,
Je
me suis émerveillé des paysages, grandioses, mais qui se méritent,
à la force des mollets,
J'ai
souffert aussi, mais c'était prévu,
La carte, en rouge, la diagonale des fous, en vert, mon parcours... |
Villes, villages et côtes, m'intéresse moins....
CONCLUSION
La
Diagonale des Fous,
c'est vraiment pour les fous,
La
Réunion, c'est beau, très beau, géant,
pour les paysages bien
sûr...
Je
retiens :
« le rougail saucisses », mais tous les
soirs...
Le
« Rhum arrangé » excellent mais mortel à haute dose...
Entre
nous, heureusement qu'il est arrangé, parce que pur !!!
(il
faut dire qu'à 8 euros le litre...)
En
trois mots :
FOLIE
PARADIS
ENFER
Bon,
il est temps de partir, déjà deux semaines que je suis là,
Je
vais changer de décor,
On
se retrouve là bas,
En
attendant,
ENJOY
&
B.A.P.
Un
grand merci à CF/AG /CD
Une pensée pour Jérôme, qui fut Réunionnais, l'espace d'un été,
donne moi des nouvelles mon ami...
Classement
du grand jeu BUZZ
(au fait, tu l'as trouvé aujourd'hui?)
1°
-TIM 3 points
2°
-BRIGITTE 2 points
EH !
Bougez vous les autres !!!!
Un peu de Créole pour finir,
MI SA FE IN TOUR,
AVAN ALON BWAR IN NAFER
NOU AR TROUV
A LA ROWAYER...
KASS PA LA TET,
LA PLI I FARIN, SOLEIL VA ROVENIR...
Salut Philippe,
RépondreSupprimerRavi d'avoir fait ta connaissance au gîte du volcan, d'avoir partagé un carry et un verre de rouge avec toi.
Je te souhaite une belle "diagonale du fou"
A plus
Fred.
allongé sur le bord d'une piscine, une bière à la main, à qui vas-tu faire croire à tes exploits sportifs?!!!!
RépondreSupprimerBises
Un peu fou ce périple!! Toujours de belles photos....
RépondreSupprimerJ'ai trouvé Buzzou sur le chemin de la Mare à Boue
bravo, trois points, et trois bises...
SupprimerPas de dérogation à la règle... Des photos splendides et vertigineuses, une histoire vraie et si riche, une aventure de plus à ton actif.
RépondreSupprimerBravo pour cet exploit et merci de nous en faire profiter!
Bienvenue sur l'île à grands spectacles....
Faut vraiment des yeux de lynx pour le trouver ce Buzz !
RépondreSupprimerBravo pour le périple !