SANTIAGO Juillet/Août 2015
Comme promis, on se retrouve à SANTIAGO,
SANTIAGO DE COMPOSTELA,
Province des Asturies, Espagne !
J'avais
gardé l'idée dans un coin de ma tête, au cas où mes divagations me
feraient passer par l'Europe.
En effet, un livre qui m'avait été
offert en début d'année, un livre sur le sujet :
Immortelle
randonnée,
sous-titré Compostelle
malgré moi,
de Jean-Christophe RUFIN ( Goncourt et
Académicien)
avait semé la petite graine dans mon cerveau, et je
m'étais dit que si j'avais un moment, je tenterais, moi aussi,
l'expérience.
Ce
jour est venu et, le 26 juillet, jour de mon anniversaire, je suis à
Hendaye, sud des Landes et tout près de la frontière espagnole,
pour attaquer le « Pèlerinage de Saint Jacques » soit
environ 850 kilomètres de marche pour rejoindre la Cathédrale de
Santiago, but du périple.
Départ
de Hendaye le 26 juillet à 12h12, d'un endroit nommé « Lieu dit
vin », amusant...
Divin,
ça me parle peu, mais dit vin, un peu plus...
Reste
à traverser le pont de Santiago pour entrer en Espagne, le but est
déjà indiqué!
Je
sais où je vais, je ne sais toujours pas exactement pourquoi, par
contre je sais comment, à pied !!! Reste à marcher 850 km...
J'ai,
moi aussi, choisi le Camino del norte, le chemin du nord, plus
sauvage et moins fréquenté, mais, contrairement à Rufin, je ne le
quitterai pas, et le suivrai jusqu'au bout avant de « plonger »
sur Santiago.
J'ai
décidé de faire « rustique », un sac à dos, un peu
lourd, mais autonomie oblige, un hamac, pas de tente, ni de duvet, un
seul change de vêtements, pas de vêtements chauds (ça je vais le
regretter assez vite!)une paire d'espadrilles, un morceau de carte et
un guide assez détaillé, mon passeport de pèlerin, c'est à dire
la « Crédencial del peregrino » à faire tamponner
quotidiennement, et une bonne dose d'optimisme...
Je
ne sais pas encore, fort et fier de mes qualités de randonneur, que
j'ai un peu sous-estimé la difficulté... mais avec un peu de
persévérance et d'obstination, la difficulté est soluble dans le
temps,
et
dans la sueur...
Départ |
Le pont de Santiago, sur la Bidasoa, frontière Franco-Espagnole |
Ce
périple va me faire longer la totalité de la côte nord de
l'Espagne, et traverser différentes provinces, EUSKADI( Basque),
CANTABRIE, ASTURIES et GALICE.
Des
paysages magnifiques, d'autres beaucoup moins, il s'agit en effet
d'un pèlerinage, et non d'un GR, seul le but compte, et il n'y a pas
d'autre but que le but final, la Cathédrale de Santiago, peu importe
la beauté du chemin, c'est le destin du pèlerin...
Peu
importe de longer des autoroutes, d'arpenter des nationales, de
tricoter autour des Highways, des train-lines, de longer des usines,
de pourfendre des zones industrielles, le pèlerin s'en fout, il va à
Santiago !
Alors,
n'étant pas pèlerin dans l'âme, j'avoue que, parfois, lors
« d'étapes de liaisons » entre des paysages très
beaux et des sites historiques intéressants, j'ai eu envie d'en
finir au plus vite et de passer à autre chose...
En
effet, je ne suis pas pèlerin, je vous l'ai dit aux tous débuts de
ce blog, je suis nomade par choix, globe-trotter, curieux, mais pas
en quête, je ne crois en rien, je n'ai rien à me faire pardonner,
ou pas grand-chose, je ne cherche pas Dieu, ni son fils, ni la mère
à son fils ! (ami caldoche, si tu nous regardes!)
Je
sens que je blasphème un peu !!!
Alors
finissons en,
Il
m'a souvent semblé casque ouille,
le
chemin de Jacquouille la fripouille...
Je
vous ferai donc grâce, pour ne pas vous infliger un compte rendu
aussi long, et parfois aussi pénible que mon itinéraire, des
détails du parcours, étapes, distances et temps,
Je
me contenterai de vous parler des endroits qui m'ont séduit,
paysages, cités médiévales, et, bien sûr, de vous faire profiter
de quelques photos.
Par contre on ne peut pas raconter ça en cinq minutes!!
Par contre on ne peut pas raconter ça en cinq minutes!!
La
Carte, pour vous donner une idée de la « promenade » :
Une
petite musique aussi :
C'est parti, en route pour SANTIAGO !
Premières étapes,
Petit bonheur du premier jour, quelques heures après être parti, je trouve, sur le bord du chemin, un panneau qui m'est destiné, déposé par mes amis qui m'ont emmené jusqu'à Hendaye, et qui me souhaite bon anniversaire !!!
Pasai
Donibane, minuscule village, cent pour cent basque, j'y suis venu il
y a quatre ou cinq ans avec mes amis des Landes,
me fait penser au
petit village gaulois d'Asterix, le petit village qui préserve sa
singularité basque et résiste à l'Espagne !!!
Puis
San Sebastian, Orio, Zaraus, et Guetaria,
Guetaria,
petit port charmant, où j'ai amené ma fille il y a un an et demi,
pour lui faire goûter les fruits de mer frais, débarqué des
bateaux, et le TXACOLI, vin blanc du coin, si particulier !
Puis
Deba, qui était un port d'arrivée des pèlerins par la mer il y a
quelques siècles,
La côte entre Guetaria et Deba |
La plaza de Deba |
et
Markina-Xemein, en montagne, à l'intérieur des terres, Markina, le
berceau de la « pelota » à tel point que le fronton de
pelote du village est appelé « Universitad de la
Pelota »
Et
puis Guernica...
Le Camino d'époque, pavé comme une voie romaine |
Le vieux pont romain de ARTZUBI |
Pas de doute, je suis bien sur le chemin!!! |
GUERNICA
Ville chargée d'histoire, d'une histoire triste, horrible, préfiguration des années de guerre à venir...
De
Guernica, si on n'en connaît rien, on connaît peut-être le tableau
de Picasso, métaphorique, emblématique et parabolique, de huit
mètres par trois mètres cinquante, cri de douleur et de rage lancé
par le peintre à la face de Franco, et de Hitler.
Je
suis heureux d'être là, et de visiter la ville, le musée et tous
les endroits devenus sacrés, car baignés de sang.
Rappel
historique :
Le
26 avril 1937, la petite ville de Guernica est bombardée, par
surprise et sans raisons apparentes, et rasée, par des avions
allemands et italiens, avec l'accord du Général Franco.
C'est
la première fois dans l'histoire moderne qu'une population urbaine,
civile, est sciemment massacrée. C'est Hitler, allié de Franco, qui
l'a voulu et imposé, pour terroriser la population civile et en voir
l'impact sur le peuple et ses combattants. Guernica est devenue un
terrain d'expérimentation en prévision de la deuxième guerre
mondiale.
Petit
village, rayé de la carte, officiellement 1654 morts, 800 blessés,
on a reconstruit rapidement dessus, pour oublier, sans fouiller les
décombres complètement, on ne connaîtra jamais le nombre exact des
victimes.
A
noter, le musée de la paix de Guernica, magistral, qui ne se limite
pas à l'histoire de la cité, mais détaille, à la limite de
l'autopsie, les causes des guerres, de la violence et de la cruauté
humaine, et expose les grands axes possibles, et les réflexions pour
la paix entre les peuples, simplement émouvant, et très lourd de
sens...
Si
on ne devait retenir qu'un seul tableau de PABLO,
ce
serait celui-là
Si
je ne devais retenir qu'une seule étape du Camino,
ce
serait celle-là
Reproduction du tableau de PICASSO |
La plaza de Guernica |
Reproduction, en faïences, du tableau |
L'église |
L'arbre de Guernica (Guernica signifie chêne en basque) |
Guernica détail |
Le "street art" n'est pas en reste pour rappeler, en s'inspirant du tableau de Picasso, le bombardement de 1937
Ensuite
BILBAO, ville plus importante sur le rio Nervion, le quartier de la
Ribera avec le vieux marché et les halles, le vieux quartier de
Bilbao appelé « Casco Viejo », le quartier arabe dans la
« Calle Biko »(!!!)
La cathédrale de Bilbao |
La grande place de Bilbao |
Le
musée d'art Guggenheim,
Le selfie de Guggenheim! je suis vingt fois sur la photo... pour vous aider, j'ai mis un petit coup de flash !!! |
Le chien de Guggenheim |
Puis
escale à Portugalete, jolie petite ville groupée autour de l'église
Santa Maria, célèbre pour son pont, le Puente Colgante, le plus
ancien pont transbordeur du monde, inauguré en 1893, contemporain de
la tour Eiffel.
Sa
vieille gare, devenue office du tourisme.
L'église........Santa Maria !!! |
L'ancienne gare, devenue office du tourisme |
Le puente Colgante, on voit la navette qui transporte passagers et voitures juste au dessus de l'eau |
Le paseo, le long du rio Nervion |
Le kiosque à musique |
Les rues de Portugalete |
Musique dans la rue |
Escapade en haut du Puente Colgante |
Sujets au vertige s'abstenir ! |
Entrée
dans la Province de Cantabrie avec Castro-Urdiales, Santona,
Santander, capitale de l'anchois !
Entrée en Cantabrie, là, le chemin, c'est la nationale... |
CASTRO URDIALES
En approche de Castro Urdiales |
L'église, le château phare, et le pont romain |
Le chateau |
Les enfants jouent à sauter du pont, joli jump ! |
Belle façade de maison, fresque de pêcheurs, fontaine et coquille pour rappeler qu'on est bien sur le chemin... |
LAREDO
La plage de LAREDO |
SANTONA et SANTANDER
La navette pour SANTONA |
Les bateaux chargent les filets |
Tiens, musique ! :
https://www.youtube.com/watch?v=NqouQ1o1mUo
La place centrale de SANTANDER |
Et puis j'arrive à SANTILLANA DEL MAR,
J'ai contemplé des quantités de paysages, traversé beaucoup de villages, passé des journées sous la pluie, des nuits dans le froid, car me fiant à la latitude, je pensais que le climat serait du genre Côte-d'Azur, alors qu'il est carrément breton, 25 le jour, 12 la nuit.
Je me rends compte que je marche depuis onze jours, je constate que j'ai marché 330km, et qu'il m'en reste plus de 500 à parcourir!
Je comprends que le chemin, c'est vraiment long, et que ça va être un peu dur...il va falloir gérer la fatigue, les petites douleurs, les bobos, ne rien casser si je veux arriver au bout, enfin, que ça ne va pas être une partie de plaisir, et que question mental, il va falloir disposer d'une bonne réserve...
Mais bon, j'ai signé, personne ne m'a forcé,
alors on enchaîne!
SANTILLANA DEL MAR, que Jean Paul SARTRE qualifie de plus beau village d'Espagne dans "La nausée", est véritablement un bel endroit,
Village moyenâgeux, totalement restauré sous Franco, qui donne l'impression d'être à la fois figé dans le temps, et à la fois tout neuf! belles maisons à colombages, ruelles pavées, balcons fleuris, l'endroit est bien sûr devenu un gros spot touristique, et on y trouve quantité de restaurants, boutiques de souvenirs, et étals de produits locaux. Mais à partir de 17h, l'endroit se vide de ses visiteurs étrangers et le bourg retourne au XII° siècle.
Une de mes plus belles étapes...
Le chemin passe bien par Santillana! |
Ensuite, SAN VINCENTE DE LA BARQUERA,
ville fortifiée du VIII° siècle,
perchée sur un piton rocheux,
ses ruelles très pentues et étroites,
dominées par l'église et le Castillo del Rey (château du roi),
exemple de forteresse défensive imprenable,
tout cela accessible par le pont de la Maza, du XV°, chef-d'œuvre à l'époque avec ses 32 arches de pierre.
Le castillo del Rey |
L'auberge de pèlerins de San Vincente |
Santa Maria de los Angeles |
La Marisma de Pombo |
La forteresse du roi |
Le pont de la Maza |
Quinzième jour de marche...
456 km au compteur...
Je continue via RIBADESELLIA,
Un Horreo sur la route,
COLUNGA,
Une petite chambre dans un vieil immeuble, balcon en bois et vitres, qui semble si fragile... (ma chambre en haut à gauche)
Vue de ma chambre |
Plaisir de la marche tôt le matin
VILLAVICIOSA,
AVILES,
et ses rues carrelées, aussi propres que l'intérieur des maisons...
Le chemin continue, Muros de Nalón, Soto de Luina, Cadavedo,
pour arriver à LUARCA,
C'est le jour de la Saint TIMOTEO !
LUARCA, Magnifique port de pêche, enchâssé dans l'embouchure du rio Negro, sept ponts pour passer d'une rive à l'autre, dont le Puente del beso (le pont du baiser)
Maintenant je vais quitter la côte pour rentrer dans les terres
de Galice et marcher vers SANTIAGO
pour arriver à LUARCA,
C'est le jour de la Saint TIMOTEO !
LUARCA, Magnifique port de pêche, enchâssé dans l'embouchure du rio Negro, sept ponts pour passer d'une rive à l'autre, dont le Puente del beso (le pont du baiser)
C'est la St TIM !!!, grande fête locale |
L'auberge de LUARCA |
On
continue,
La
Caridad, puis RIBADEO, frontière avec la Province de Galice,
Un
pont de six cents mètres pour changer de province,
J'ai
fait 660 km, m'en reste environ 190,
Je
suis plus que fatigué, capable de m’asseoir cinq minutes, pour me
réveiller deux heures plus tard...
Mes
épaules et mes pieds ne sont plus tout à fait d'accord avec moi, la
cohésion de l'ensemble s’effrite,
et
puis j'ai mal, pas mal à un endroit précis,
j'ai
mal à moi...
Attention
danger !!!
Passage
à LOURENZA,
MONDONEDO,
Le vieux village enjambe le chemin ! |
Me
reste 140,405km !
Je
recommence à compter alors que j'avais décidé de ne plus le faire
et constaté que c'était bien mieux...
Puis
VILALBA,
son
église, et sa tour ( la TORRE)
mais
j'ai une indigestion d'églises !
Comment s'appelle cette église ? |
Pourtant
de beaux paysages, inconnus pour moi, clôtures en lauzes,
cimetières étranges, architectures inédites,
Je
me force à marcher,
Je
me force à regarder autour de moi,
Je
me force à prendre des photos,
Je
me force à jouir de cette liberté,
Je
me force à me sentir heureux,
Je
me force à ne pas avancer comme un con,
pardon !,
comme un pèlerin...
comme
ceux que je vois tous les jours,
qui
ne contemplent rien,
qui
vont juste à SANTIAGO...
En cherchant bien, reste un brin d'humour,
Quand on parle peu ou pas l'espagnol,
Le genre de panneau qui fait un peu peur!!!
Passage à SOBRADO,
Ma dernière Albergue,
Les derniers kilomètres,
Arrivée le 22 août à 12h03,
soit un peu moins de 27 jours...
Tout ça pour ça...
La Cathédrale de St Jacques et la place Obradoiro |
La dernière coquille, devant la Cathédrale |
Reste à récupérer mon "diplôme" délivré par le clergé de SANTIAGO sur présentation de ma Crédencial dûment tamponnée, diplôme rédigé dans un latin approximatif, même mon prénom est "latinisé", mon prénom d'origine grec...
Mais bon, là, je suis un peu trop fatigué pour en rire,
on verra demain!
Mes amis des Landes étant venus m'attendre à l'arrivée, c'est en voiture que j'irai un peu plus loin, à Fisterra, au cap Finisterre, voir la pointe ouest de l'Europe, là où les Romains pensaient que la Terre s'arrêtait et que le soleil s'engloutissait dans la mer, à l'extrémité du Monde...
La borne "Zéro" ! |
Le bout du Monde...
En vérité, je savais bien que c'était presque aussi long à raconter qu'à vivre !!!
mais je suis arrivé au bout,
vous aussi !
|
Il me reste à vous confier quelques réflexions,
plus ou moins sérieuses !
Moments
forts
Deux,
particulièrement, me reviennent à l'esprit,
1
- Il m'est arrivé, à plusieurs reprises, de m'arrêter dans un
bistrot, débusqué vers 9h ou 10h du matin, dans un petit village,
pour boire un café, parti au lever du jour, le ventre vide, la tête
vide, le ventre en vrac, petit bistrot avec deux ou trois vieux du
coin, en train de boire un verre de blanc, et de discuter de jesépa,
et, au moment de payer mon « café solo », le bistrotier
me fait comprendre que le café est déjà payé, offert au pèlerin
par ces messieurs !
Ça
fait chaud au cœur...
2
– A Colunga, arrivé crevé car obligé de marcher dix kilomètres
de plus parce que tous les hôtels étaient complets, désespérant
de trouver un lit, je tombe sur un bar/restaurant où le patron me
dit qu'il a une chambre, à vingt euros, je saute de joie, lui
propose de payer avant que sa fille ne m'emmène au local, à
quelques cent mètres de là, il me fait comprendre qu'on verra ça
plus tard,
Je m'installe, me douche, me change, et repasse à l'estanco pour boire une bière et payer la chambre, il me fait signe « plus tard » je descends sur le paseo, me paye un dîner fruits de mer, un café.Il est temps de rentrer dormir, demain j'envisage de partir au lever du jour, le bar est fermé !En vérité, je me lève très tôt et démarre de nuit, impossible de revoir l'hôtelier qui ouvre à 9h ! Je laisse un billet de vingt euros sur l'oreiller et quitte Colunga.
Je
reste persuadé que le patron n'avait pas l'intention de me faire
payer la chambre...
Le
pèlerin
Vous avez pu me trouver dur avec le « Pèlerin », mais quatre semaines de promiscuité avec mes copèlerins m'ont appris beaucoup !
Déjà,
il y a peu de vrais pèlerins, moi même n'en étais pas !
Par
contre, il y a beaucoup de monde sur les chemins de Compostelle,
Chemins
très fréquentés au moyen-âge, par des pèlerins avec bâtons et
besaces,
Abandonnés
pendant plusieurs siècles, sauf quelques....pèlerins,
Redevenus
à la mode depuis quelques décennies,
Quelques
centaines de Crédencials par an, puis quelques milliers,
Quelques
centaines de mille ces dernières années,
Environ
250 000 par an maintenant !!
Le
pèlerin est aujourd'hui un produit économique,
Un
marché,
Rares sont ceux qui font un long parcours,
Manque
de temps, manque de forme physique, manque de courage,
Et
puis, il suffit de faire les cent derniers kilomètres pour obtenir
la Compostela !
Le
pèlerin se doit d'être radin, d'essayer de faire pitié, de
resquiller à chaque occasion,
A
de rares exceptions près, le pèlerin n'est ni sympa ni causant,
Tout
simplement parce que le jeu est un peu faussé,
En
effet, le pèlerin pense avant tout au lit qu'il aura le soir à
l'auberge pour pèlerins,
Lit
soit gratuit, soit très peu cher,
Mais
les places sont limitées, et leur nombre est connu,
Donc,
quand vous doublez un pèlerin sur le chemin, à part le salut
traditionnel « Bon camino », il
sait qu'il vient de perdre une chance d'obtenir un lit le soir, il
est d'humeur maussade..
Quand
un pèlerin vous double, il est d'humeur joyeuse, il vient de gagner
un lit...
Et
le pèlerin est prêt à tout, sauter dans un bus ou un train pour
rejoindre la ville étape et avoir une place à l'Albergue,
Prêt
à utiliser le service « Mozilla Express » proposé
partout « mozilla signifie sac-à-dos »
Une
voiture prend votre sac et vous le dépose à l'arrivée,
Il
y a des cartes de visite de chauffeurs dans toutes les auberges !!!
En
gros, ça veut dire, vous marchez et vous payez le taxi à votre
sac !!!
Je
peine à comprendre...
Je
ne parlerai pas de toutes les auberges ou pensions privées qui
poussent comme des champignons, de tous les marchands du temple,
Et
puis soyons sérieux, la petite expérience que je peux avoir en
marche, effort de longue durée, dépassement de soi, fait que je
sais que ce n'est pas à la portée de tout le monde, que c'est même
à la portée de peu de monde, de faire des centaines de kilomètres
à pied, qu'on y consacre quatre semaines, ou quatre fois plus !
En
vérité, de pèlerins il y a peu, de marcheurs qui font réellement
une longue distance, encore moins...
Mais
il y en a,
J'en
ai rencontré, des jeunes et des vieux, de toutes nationalités,
Respect
pour eux !
Le
gros coup au moral
Le
31 juillet, le chemin chemine ( oui un chemin ça chemine!) au dessus
de l'autoroute, je regarde vers le bas et je vois un panneau
indiquant « SAN SEBASTIAN 78 km »
ça
veut dire 45 minutes maximum en voiture, et j'en suis à mon sixième
jour de marche, je commence à réaliser la vitesse du pèlerin, non
pas la vitesse du marcheur , un marcheur ne marche pas le long
de l'autoroute !!!
Surtout!, ne pas regarder les panneaux !
Statistiques
QUATRE-VINGT-QUINZE
Fois sur CENT
QUATRE-VINGT-QUINZE Fois sur CENT, l'église du village espagnol traversé se nomme Santa Maria, raison pour laquelle je n'ai pas légendé toutes les photos d'église !
QUATRE-VINGT-QUINZE Fois sur CENT, les horloges d'églises indiquent une heure fantaisiste, ou sont totalement arrêtées, histoire peut être de vous donner un avant-goût de l'éternité !
QUATRE-VINGT-QUINZE Fois sur CENT, quand on arrive à l'auberge de pèlerins pour essayer de trouver un lit pour la nuit, si elle dispose de 20 places, il y a déjà 21 sacs à dos alignés le long du mur devant la porte...
QUATRE-VINGT-QUINZE Fois sur CENT, quand on arrive au point i, office du tourisme, pour récupérer un plan du bourg ou faire tamponner son passeport, soit il est fermé depuis cinq minutes, soit il ouvre dans deux heures...
QUATRE-VINGT-QUINZE Fois sur CENT, quand tu héles un type pour lui demander un renseignement, tu parles français, anglais, un peu d'allemand, lui ne parle que l'espagnol...
QUATRE-VINGT-QUINZE Fois sur CENT, quand tu vois un bus, il est en train de rouler, entre deux arrêts,
du coup tout le monde attend ?
QUATRE-VINGT-QUINZE
Fois sur CENT, quand tu proposes à une pèlerine de partager la
machine à laver à pièces de l'auberge(3euros), elle dit oui,
ton
lit, elle dit non !
Mais, comme disait BRASSENS,
QUATRE-VINGT-QUINZE
Fois sur CENT, la femme s'emmerde en baisant.......
Le
proverbe à la con
LA
PLUIE N'ARRETE PAS LE PELERIN...
Allez
On se retrouve bientôt,
JEVOUDIPAOU
En attendant
ENJOY
&
B.A.P.
Après avoir lu tout ça, suis pas sûre d'avoir envie de "prendre le chemin"...
RépondreSupprimerOn te souhaite un ''BUEN CAMINO'' vers d'autres horizons ....
RépondreSupprimerUn chemin de pénitence ! Mais trop dur, surtout si on n a rien à se faire pardonner .
RépondreSupprimerTu es bien courageux !
Cela te changes de tes voyages sous les tropiques .